Les prix du pétrole se reprennent ; ils sont montés à leurs plus hauts niveaux depuis vendredi dernier sur le marché new yorkais, soutenu par l'optimisme des investisseurs après un nouvel indicateur encourageant aux Etats-Unis. Des indices ? Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en octobre a terminé à 73,89 dollars, en progression de 98 cents par rapport à son cours de clôture du jeudi 20 août, pour son premier jour en tant que contrat de référence. Durant les échanges, il a atteint 74,72 dollars, un plus haut depuis le 20 octobre. Lundi dernier, le baril new-yorkais valait encore 66,75 dollars. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord à échéance d'octobre a fini en hausse de 86 cents à 74,19 dollars, après être grimpé jusqu'à 74,97 dollars, en deçà des 76 dollars atteints début août. Cette reprise des cours a été abondamment commentée par les spécialistes des marchés. «On est monté pendant la semaine après de bonnes nouvelles économiques en France et en Allemagne, et on a vu la demande chinoise augmenter. Il y a beaucoup d'optimisme économique», a ainsi résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, cité par des agences de presse. «Ensuite, [vendredi dernier], aux Etats-Unis, les reventes de logements ont encore progressé», a ajouté l'analyste. Les prix du pétrole reflètent en vérité le fait que les investisseurs se concentrent sur «les signes encourageants» pour l'économie. Les nouvelles en provenance de la zone euro étaient aussi source de motivation. L'activité y a cessé de se contracter en août, selon une première estimation de l'indice composite des directeurs d'achats (PMI). L'indice a augmenté de trois points comparé à juillet, pour atteindre le seuil symbolique de cinquante points, un plus haut depuis quinze mois. La progression des prix du pétrole était aidée par le repli de la monnaie américaine, dans laquelle sont libellés les échanges, l'euro s'échangeant autour de 1,4330 dollar. La force inhérente du marché vient de plusieurs éléments : la crainte d'une inflation en hausse et d'une dévaluation de la monnaie américaine, conséquence de la politique d'emprunt du gouvernement pour le plan de relance ; le degré inhabituel de conformité des membres de l'OPEP aux quotas de production ; le niveau élevé des importations chinoises, où la demande soutenue est à peine prise en compte, a expliqué John Kilduff, de MF Global, dans une note rendue publique la semaine dernière. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole estime raisonnable un baril autour de 75 dollars. Elle devrait se réunir le mois prochain à Vienne pour examiner les marchés. Lors de sa dernière conférence extraordinaire, tenue fin mai, elle a jugé inutile de modifier ses quotas, les maintenant à 24,84 millions de barils par jour. Parmi les autres facteurs haussiers se trouvent aussi le peu de répercussions des changements dans la régulation des marchés qui a échoué à enrayer le flot d'investissements en provenance de fonds et les tensions géopolitiques susceptibles de faire bouger les prix. Toutefois, «la réalité est que l'on n'a toujours pas vu de croissance dans la demande de pétrole», a tempéré Andy Lipow. Le repli spectaculaire et inattendu des stocks de pétrole aux Etats-Unis annoncé mercredi dernier a bien soutenu la progression des prix. «La réalité, c'est qu'il nous reste à voir une vraie hausse de la demande, ailleurs qu'en Chine», a estimé Andy Lipow, repris par des agences de presse. Y. S.