Cela ne fait aucun doute, le désintérêt du public pour le football national s'est confirmé à la lumière du dernier derby constantinois. Un derby qui, il y a deux années, avait enregistré la présence record de 50 000 spectateurs et lequel vendredi dernier en a comptabilisé moins de 3 000. Tous les signes indicateurs avaient précédé cette rencontre. La ville avait tout d'abord gardé un calme inhabituel pour un tel évènement qui, comble du paradoxe, n'alimentait même pas les discussions de café, les plans tirés sur la comète par les supporteurs des deux camps, les déclarations enflammées des coaches, les assurances des présidents, les pronostics des joueurs. Pas d'emblèmes, d'oriflammes, de cortèges bruyants, de fans colorés et ce, jusqu'au coup d'envoi sur le terrain sous une pluie battante et par un froid glacial. Mais si le derby n'a pas attiré les grandes foules, paralysé la ville, laissé planer la menace sur la cité, suscité l'inquiétude de ceux qui n'ont rien à voir avec le football, contraint à l'arrêt d'activité forcé des transports publics, privés, individuels et/ou collectifs, il y a lieu de souligner que les rencontres de football, depuis pratiquement le déroulement de la Coupe d'Afrique des nations, ne faisaient plus courir les foules. L'explication la plus plausible reste évidemment cet autre centre d'intérêt qu'était devenue la sélection nationale de football, l'alternative inattendue pour des milliers, voire des millions de mordus du ballon rond lesquels, miraculeusement, en obtenaient pour leur désir. Celui de voir un ensemble homogène pratiquer du football, le vrai. Celui qui forge l'esprit de groupe, ancre la solidarité collective, fait de l'humilité un trait commun entre tous les protagonistes, libère dans les victoires et unit dans les défaites. Ce n'est évidemment pas le même cas de figure dans les clubs algériens et l'ambiance est loin d'être au beau fixe et cela à partir du moment où il n'existe pas de règles du jeu claires. Il suffisait d'ailleurs d'entendre sur les ondes de la Chaîne III un président de club, certainement l'un des plus prestigieux (le club) du pays, en l'occurrence Serrar, pour ne pas le nommer, et comprendre l'énorme décalage qu'il y a entre les dirigeants et les joueurs, les relations humaines censées les imbriquer, voire animer l'interaction naturelle entre des éléments d'un ensemble commun et l'approche de chacune des parties de la notion même du métier de footballeur. CSC-MOC, dont tout le monde se gargarisait, il y a encore deux ans, comme étant un derby de la veine de River-Plate/Boca Juniors et quitte à paraphraser un autre phénomène… un journaliste de la radio locale qui n'avait pas hésité, excusez du peu et, plus particulièrement, du ridicule, à le qualifier de troisième derby planétaire après les classico espagnol (Real-Barça), italien (Inter Milan/Milan AC), et bien CSC-MOC est venu apporter la preuve que le glas a sonné pour le football algérien, comme le confirmeront sans nul doute les prochains derbys du centre qui tiennent encore, mais plus que virtuellement, le haut du pavé. Mardi dernier, K. Madani, l'un des plus importants dirigeants du Mouloudia de Constantine en était arrivé jusqu'à supplier les supporteurs de se rendre au stade du 17 Juin quitte pour cela «…à ce qu'ils ne paient pas leur place ». Jusqu'aux éléments du service d'ordre que nous avons approchés sur place et qui se disaient déçus de la tournure des évènements, allant jusqu'à souhaiter que les foules reprennent les chemins des stades même «si c'est pour nous à chaque fois galère».