Photo : Riad Par A. Lemili Cela avait commencé à mesure que la sélection nationale progressait dans sa quête de qualification pour le Mondial sud-africain. Le premier match contre le Rwanda, un nul arraché à Kigali, au printemps 2009, avait donné le signal du décrochage d'une forte proportion de supporters sur l'ensemble du territoire de leurs clubs respectifs et ce, quelle que soit leur notoriété. Chnaoua, Sanafir, Tuniques rouges, Criquets et Kabyles égaillaient parcimonieusement mais sûrement leurs fans de semaine en semaine. Cette équipe nationale constituée d'Algériens pour leur majorité venus de l'étranger et, pour certains, nés à l'étranger, avait du bon et cela se sentait à première vue, excitant d'abord la curiosité et l'intérêt, ensuite, des mordus du football autant parmi les inconditionnels que les puristes. Les matches qui allaient suivre, à l'image de la déculottée égyptienne, le succès en Zambie et l'enchaînement presque naturel qui ramènera à Alger les protégés de Saadane après Khartoum, laissaient subodorer qu'il était d'ores et déjà difficile et impensable de réfléchir à un après… EN sur le sol national parce qu'il ne saurait tout simplement y avoir de substitut à la féerie et instants magiques que Bouguerra et les siens ont donnés au public et au peuple algérien. Le constat avait été fait quelques semaines auparavant quand le MCA et la JSK jouaient face à des tribunes et gradins clairsemés, alors que le CSC, qui se targuait de sa galerie phénoménale évaluée à 60 000 supporters, jouait le derby constantinois devant 7 050 spectateurs. Un comble pour les dirigeants des Vert et Noir qui, la saison dernière, comparaient, sur le plan des couleurs et de la liesse, ledit derby à celui qui opposait en Argentine River-Plate à Bocas Junior. C'est dire. Que pouvait-il, alors, être attendu après la victoire de Khartoum, la qualification pour le Mondial, le tirage au sort de la Coupe d'Afrique des nations déjà que deux rencontres jouées, vendredi, sont pratiquement passées inaperçues (USM An-CABBA et ESS-CAB) alors qu'au cours de la même journée, le stade du 17 Juin avec une allure lugubre accueillait quelques dizaines de spectateurs pour un match du CSC face à la formation de Hadjout (2-0). Le lendemain, le stade Abed Hamdani du Khroub devait faire renouer le public local à son équipe qui revenait d'un résultat flatteur acquis face au WAT (1-1). Les Diables rouges devaient donner la réplique à des Nahdistes (1-0) mal en point. En fait, les deux équipes sont pratiquement mal en point sur un point de vue général. Pour la circonstance (l'évènement exceptionnel qui a bouleversé le quotidien des Algériens), la direction du club hôte avait annoncé que l'accès au stade était gratuit. Une mesure sans doute nationale mais qui pouvait également être une bonne opération de marketing pour l'équipe dirigeante chahutée depuis pratiquement l'entame de la compétition. Et patatrac, à trente minutes du coup d'envoi, gradins et tribunes étaient pratiquement vides, ils seront timidement garnis tout au long de la rencontre, quoique les personnes présentes se sont surtout adonnées à de grandes discussions, évoquant Khartoum et palabrant sur tout et rien en même temps alors que sur le terrain les joueurs semblaient s'ennuyer superbement et nous dirons même presque en corvée. Les lieux se dégarniront comme ils ont été investis à partir de la deuxième mi-temps, nul parmi les spectateurs ne semblant être réellement concerné par les débats. Aux jeunes auxquels nous avons sollicité leur opinion, ils ont été anonymes en répondant qu'après «avoir passé l'été à rêver avec l'EN, Le Caire et Khartoum, aujourd'hui, nous avons eu presque la nausée. On aurait dit que c'était une rencontre entre El Gourzi et El Aria [deux lieudits équivalents de nulle part pour les Constantinois. NDLR]. Nous ne nous voyons plus aller au stade après tout ce que nous ont fait vivre Saadane et ses enfants». C'est pratiquement une oraison funèbre qui est dite là. Et elle ne saurait certainement pas être isolée tant il est vrai qu'Antar Yahia et ses coéquipiers ont placé la barre tellement haut qu'il est difficile d'imaginer un retour d'intérêt des Algériens pour la compétition nationale de football ou, du moins, ce qui en restera d'ici le mois de juin prochain.