De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Toutes les conditions ont été réunies pour faire, jeudi dernier, du derby constantinois l'un des plus complets des deux dernières décennies. Plus complet en ce sens qu'il y a eu du football et du vrai même si l'intensité a été fluctuante parfois, les galeries, notamment celle des Sanafir, ont été à la hauteur de leur réputation et ont répondu, surtout, aux attentes des puristes. L'organisation a été impeccable et, pour cela, il y a lieu de préciser que le complexe du 17 Juin a été investi dès midi par l'imposant service d'ordre déployé en la circonstance. Il était à peine quatorze heures que déjà chaque élément était en poste pour y rester inamovible une fois toutes les lumières éteintes. Il s'agissait par la suite d'encadrer la marée humaine, certainement plus de 40 000 spectateurs, qui prenait la direction du centre-ville pour y faire la fête. Il y a lieu de souligner à ce sujet qu'au minimum les deux tiers de cette marée résidaient dans la banlieue, ce qui justifiait, en l'absence des moyens de transport (une tare coutumière en pareille circonstance), que le seul moyen était pour ceux qui habitaient à 20 kilomètres et plus de retarder au maximum le retour au bercail… à pied. C'est ce qui se fera, les grappes humaines qui prenaient le chemin des nouvelles villes (Mendjeli et Massinissa), Khroub, Hamma Bouziane, Aïn Smara se sécurisant d'elles-mêmes par une réciproque présence. Ce sont de telles situations qui feront dire à tout le monde que le derby n'a pas lieu sur le ground mais sur les gradins et dans les tribunes, dans la rue avant et après. Celui (ground) du 17 Juin, illuminé à souhait, constituait jeudi dernier une galaxie dans une autre qui brillait de mille feux à chaque fois que la rencontre prenait une nouvelle physionomie. Cela n'allait d'ailleurs pas tarder puisque, à peine l'empoignade entamée, le CSC par Zeghrour prenait une avance. L'occasion ou jamais de prendre un ascendant psychologique que les Vert et Noir ne matérialiseront pas une poignée de minutes plus tard, Medjoud, coqueluche en voie d'extinction du public, ne parvenant pas à transformer un coup de pied de réparation. Cet échec allait remettre en confiance, les Mouloudéens, lesquels, sans être flamboyants allaient, suite à un harcèlement du but adverse plus proche du «à l'abordage» que des contre-offensives finement menées, niveler la marque par le roublard Ouichaoui à l'origine de l'action et à sa conclusion. En enroulant superbement la balle, ce dernier mettait le cuir hors de portée de Daïf. L'inquiétude changeait immédiatement de camp et les supporters sanafir, réputés pour leur soutien inconditionnel aux joueurs mais soudainement en proie au doute, allaient mettre en sourdine leur coutumier chahut. En sifflant la mi-temps sur ce nul, Bichari, excellent, ramenait une forme de sérénité dans les tribunes et sur les gradins, donnant ainsi la latitude aux deux coaches de revoir leur stratégie. A ce jeu, c'est le Serbe Daniel Janakovic qui semble avoir fait les meilleures analyses puisque son équipe prendra de nouveau en charge la direction des opérations jusqu'à obtenir un deuxième but par Zegrhour toujours qui profitera d'un flottement de la défense mociste pour battre d'un heading incertain Babouche scotché sur sa ligne. En faisant remplacer Abadli et Ouichaoui, l'entraîneur des Blancs réduisait encore plus dramatiquement les seules chances pour son équipe de revenir au score. Même si l'un et l'autre élément ont été des plus transparents au cours de ce derby au moment où les supporters considéraient arbitrairement qu'ils allaient être les artisans d'une nouvelle victoire du Mouloudia. En conclusion, l'issue de ce derby va certainement conduire le staff administratif du MOC à revoir sérieusement sa copie et surtout à ce constat implacable selon lequel il ne suffit pas d'investir près d'une dizaine de milliards pour monter une équipe compétitive quand la volonté et le désir individuel de se surpasser ne sont pas là. C'est tout le contraire du CSC dont les caisses sont dramatiquement vides. Sauf que ses joueurs ont un cœur gros… comme ça. Il leur reste maintenant à gérer psychologiquement le résultat de ce derby pour la suite du parcours. Et ce n'est pas forcément évident.