Photo : S. Zoheir Par Kamel Amghar Le trois mars dernier, pour la confrontation amicale qui a opposé l'Algérie à la Serbie, le stade olympique du 5 Juillet s'est révélé exigu pour contenir tous les supporters des Fennecs. Venant des quatre coins du pays, les fans de l'équipe nationale ont convergé par dizaines de milliers vers la capitale afin de voir leur équipe à l'œuvre face à un mondialiste qui avait déjà les faveurs des pronostics. Les jeunes, les adultes, les familles et les enfants, tout le monde était là des heures entières avant le début du spectacle. 80 000 aficionados, drapés dans les couleurs de l'emblème national, ont eu l'heur d'accéder aux gradins. Beaucoup d'autres n'ont pas eu cette chance. Les organisateurs étaient carrément débordés par l'incroyable affluence. On en a, depuis, beaucoup disserté sur nos capacités à accueillir et à encadrer de grands événements sportifs. Si les Verts ont réussi à focaliser l'intérêt du public, c'est incontestablement en raison de leur bon parcours qualificatif pour le Mondial sud-africain et leur prestation jugée satisfaisante lors de la CAN 2010 en Angola. Les résultats obtenus étaient en quelque sorte suffisants pour susciter l'engouement des inconditionnels. Une véritable passion populaire accompagne désormais toutes les sorties des Fennecs. Ce retour triomphant de l'équipe sur le devant de la scène footballistique africaine a redonné au large public algérien une gaieté sans commune mesure. Cette espèce de «fixation» collective sur l'EN a sérieusement éclipsé toutes les autres compétions locales. Les Championnats nationaux de DI et DII, les joutes régionales et locales ainsi que les duels de la Coupe d'Algérie ont été visiblement relégués au second plan. Depuis le début de l'exercice 2009-2010, tous les supporters algériens sont exclusivement suspendus à l'actualité et au calendrier de l'équipe nationale. Le Championnat et la Coupe d'Algérie passent franchement au dernier plan dans l'ordre des préoccupations des fans de la balle ronde. Evoluant pour l'essentiel dans les championnats européens, les clubs employeurs des sociétaires de l'équipe nationale bénéficient du même intérêt. Chaque joueur est supervisé de très près par des milliers de téléspectateurs qui, chaque week-end, règlent leurs démodulateurs sur les championnats de France, d'Allemagne, d'Angleterre, d'Irlande ou d'Espagne. La même ferveur se manifeste également pour les prestigieuses compétitions du Vieux Continent. La Ligue des champions d'Europe et la Coupe de l'UFEA offrent tant de bonheur de ce côté-ci de la Méditerranée. Faisant preuve d'exigence, les amateurs du jeu à onze optent ouvertement pour la qualité et le spectacle. Faute de trouver sur place des empoignades de bonne facture, les supporters boudent les compétitions locales et s'installent confortablement sur leur canapé pour regarder au loin à travers la petite lucarne. Les matches des championnats locaux et les rencontres de la Coupe d'Algérie se jouent devant des gradins quasiment vides. Nos clubs en sont avertis. Ils doivent absolument produire de la qualité pour se faire vendre.