De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La saison oléicole tire à sa fin. Le rendement est appréciable. La qualité y est aussi. Le quintal d'olives pressées donne près de 18 litres d'huile vierge. C'est une donne vérifiée auprès des huileries. La récolte est aussi généreuse. Elle est de l'ordre de 55 à 60 kg de fruits par arbre, apprend-on d'un technicien exerçant à la subdivision agricole de la daïra de Darguina, une région à forte vocation oléicole. Une moyenne sur laquelle s'accordent aussi paysans et techniciens des services agricoles de la wilaya. La clémence des conditions climatiques et l'amélioration notable des techniques de cueillette, de récolte et de stockage justifient cette impulsion. A Béjaïa, tous les acteurs de la filière affichent une mine réjouie. Paysans, agroindustriels et administration sont unanimes à qualifier l'exercice de «plus juteux de ces quatre dernières années». La wilaya -qui totalise, à elle seule, 1/3 de la production nationale- s'apprête doncà clôturer une bonne campagne. Initialement, la DSA (direction des services agricoles) tablait sur un seuil de production de l'ordre de 15 millions de litres. Aujourd'hui, elle revoit ses prévisions à la hausse pour les établir à 22 millions. Dans ses calculs, l'administration se réfère aux résultats des enquêtes effectuées auprès des oléifacteurs. Des questionnaires sont ainsi remplis sur la base des déclarations «de bonne foi» des propriétaires d'huileries. Mais ces derniers, à défaut de disposer de statistiques précises et pour d'évidentes raisons de fiscalité, donnent souvent des chiffres en deçà de la réalité. On sait, en revanche, et avec certitude, que la wilaya de Béjaïa dispose du premier verger oléicole à l'échelle nationale avec une superficie de plus de 50 000 hectares de plantations, totalisant quelque 5 millions d'arbres. S'il est admis que chaque sujet porte en moyenne 60 kg de fruits, cela donnerait une production globale de 3 millions de quintaux. Avec un rendement de 18 litres par quintal, on obtient une récolte réelle qui se situerait autour de 54 millions de litres d'huile. Même si l'on minimise à 50 kg le poids moyen de fruits portés par un seul olivier, cela ferait quand même 45 millions de litres, soit le double des approximations faites par la DSA. Sur cette question, les services publics de l'agriculture sont appelés à perfectionner leurs outils. L'aveu émane des enquêteurs de la DSA, eux-mêmes, qui expriment des doutes -amplement justifiés du reste- par rapport à la fiabilité des chiffres donnés par les oléifacteurs. Mais la vraie bonne nouvelle se situe au niveau de la qualité. Des améliorations notables ont été relevées sur ce registre qui constitue, depuis toujours, le talon d'Achille des exploitants. En effet, les tests effectués un peu partout confirment la bonne qualité de l'huile produite cette année. La présente campagne, bénéficiant des effets impulsés à la filière (accroissement et réhabilitation des vergers, acquisition de matériels de production, de stockage et d'extraction), se distingue par sa qualité, qui se rapproche des standards internationaux, en matière d'huile vierge, et tend vers la labellisation tant souhaitée du produit fini. Des groupes industriels se sont lancés ces dernières années dans la production qui, jadis, était l'apanage des familles et de petits exploitants. «Sur dix échantillons prélevés des huileries de la Soummam, six se sont avérés contenir de l'huile vierge avec des taux d'acidité inférieurs à 1,6», a récemment affirmé M. Oussalah, secrétaire de la chambre agricole de la wilaya de Béjaïa, qui plaide pour «accompagner désormais la filière dans une démarche d'identification du produit». Le même responsable, qui intervenait dans les colonnes d'un confrère, n'a pas manqué de souligner la généralisation des bonnes pratiques oléicoles parmi les paysans et les fermiers de la région. Malgré la disponibilité du produit en quantité et en qualité, le prix de l'huile d'olive reste cependant trop cher pour les petites bourses. Le tarif s'établit toujours autour de 400 à 450 DA le litre, selon la qualité et la provenance du produit. Là encore, les services publics de la concurrence et des prix ont du pain sur la planche pour tirer le tapis sous les pieds des spéculateurs. Il est, en effet, urgent de réglementer ce marché pour mettre un terme à l'improvisation anarchique qui le caractérise depuis toujours. La lutte contre la contrefaçon et le trafic de ce nutriment, très présent dans la cuisine algérienne, participe aussi à la sauvegarde du label et de la marque du produit local. Une collaboration intersectorielle est évidemment requise à ce sujet, comme elle doit également œuvrer pour booster la présence -déjà remarquée- de l'huile vierge algérienne sur les marchés extérieurs.