De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Application de la réglementation régissant les activités touristiques notamment par la mise en conformité des établissements hôteliers, reconstitution du portefeuille foncier touristique, mise en œuvre du Plan qualité tourisme (PQT), amélioration des prestations hôtelières, sensibilisation des pouvoirs publics sur les risques d'altération qu'une urbanisation accrue fait courir aux stations balnéaires… sont les objectifs principaux que la direction du tourisme s'est fixés pour (re)donner à la wilaya d'Oran le cachet touristique qui ferait d'elle l'une des destinations les plus prisées du Bassin méditerranéen : «Les temps ont changé, souligne fermement M. Benmansour, le directeur de wilaya. Aujourd'hui, Oran accueille des événements de retentissement mondial, comme le GNL dans quelques jours […] Nous avons les potentialités, la volonté politique et une stratégie nationale claire pour hisser Oran au rang de pôle d'excellence […] Il n'y a plus de place pour le bricolage, nous sommes sommés de nous mettre au diapason et ceux qui ne veulent pas suivre devront laisser la place […]» Pour le premier responsable du tourisme, le secteur a connu suffisamment d'atermoiements et les réfractaires à la réglementation comme à la mise à niveau ont été assez ménagés : «L'année dernière, nous avons adressé aux gérants des établissements hôteliers plusieurs avertissements et mises en demeure. Dans quelques jours, une dizaine d'hôtels seront proposés à la fermeture pour diverses infractions, dont l'absence d'une autorisation d'exploitation et la non-conformité aux normes […], annonce-t-il en indiquant que, sur les 133 établissements composant le parc hôtelier, seuls 12 disposent d'une autorisation d'exploitation. En 2009 déjà, huit hôtels avaient été fermés pour les raisons précitées, 73 étaient en conformité réglementaire et 53 concernés par la mise en conformité, dont 35 anciens par une mise à niveau. D'un bilan établi en janvier dernier, il ressort que 13 dossiers d'obtention de l'autorisation d'exploitation et 4 d'agrément du gérant sont en instance d'examen, et que 73 établissements sont en attente de classement. Sur cet ensemble, seuls 10 établissements hôteliers ont été classés. En parallèle à ces actions de mise en conformité avec la réglementation, les services du tourisme ont lancé des opérations de sensibilisation et de vulgarisation auprès des hôtels et restaurants gastronomiques, des innovations et améliorations préconisées par le Plan qualité tourisme (PQT), opération qui, selon le responsable du secteur, a grandement bénéficié de la conjoncture favorable induite par le GNL 16. D'ailleurs, 13 établissements ont été sélectionnés pour la prise en charge des participants au rendez-vous gazier, soit plus de 1 170 chambres qui bénéficient de soins particuliers tant de la part du comité de pilotage des préparatifs logistiques que de la direction du tourisme qui veille à la mise en conformité réglementaire : «Avec le GNL 16, une dynamique sans précédent a été insufflée dans tous les secteurs, particulièrement celui du tourisme. Et si, pour certains, ce rendez-vous est une fin en soi, il ne constitue pour nous qu'une étape vers le meilleur que nous ambitionnons pour la wilaya», certifie M. Benmansour en assurant que cette dynamique se poursuivra au-delà de cette date. Elle se poursuivra notamment par le lancement du méga-projet du village touristique de Madagh (zone située dans l'ouest de la wilaya), site dont l'empiètement sur Aïn Témouchent a contraint les autorités à l'élaboration d'un projet de loi qui se trouve actuellement en attente d'approbation des hautes instances de l'Etat : «Une fois approuvé, ce projet sera confié à un véritable professionnel, national ou étranger, qui aura déjà prouvé son savoir-faire», affirme la direction du tourisme en assurant que toutes les mesures de sécurité ont été prises pour éviter toute tentative d'escroquerie, l'affaire du très douteux projet d'investissement de l'homme d'affaires italien Mario Roncali (P-DG de Promeda, du groupe Gruppo Beta Soluzioni Technologiche) étant encore dans les mémoires. Selon des sources au fait de l'évolution de ce dossier, seul Djillali Mehri serait à même de prendre en charge la réalisation du village touristique de Madagh, même si plusieurs investisseurs potentiels étrangers ont émis leur souhait de prendre part à cette aventure : «Nous avons reçu plusieurs délégations étrangères (françaises, espagnoles, arabes…) et toutes ont montré leur vif intérêt aux potentialités offertes par la région», confirme M. Benmansour qui rappelle, encore une fois, que ce méga-projet ne saurait atterrir entre des mains douteuses ou non qualifiées qui pourraient mettre en péril jusqu'à la stratégie prévue par le Schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT 2025) prévoyant également la valorisation et l'exploitation d'autres espaces à vocation touristique comme les 7 ZET restantes, dont la magnifique baie de Kristel, les îles Habibas, les zones humides, les patrimoines historique et culturel… On le voit, la direction du tourisme d'Oran s'est attelée à la réhabilitation d'un secteur longtemps mésestimé et jamais considéré comme une industrie créatrice d'emplois pouvant booster l'économie à hauteur d'une région : «Si les autorités locales et les opérateurs privés suivent, il n'y a aucune raison que nous n'arrivions pas à concurrencer les cités touristiques du Bassin méditerranéen. D'ailleurs, nous n'en avons pas le choix !» termine le directeur du tourisme. Il reste à espérer que toute cette débauche d'énergie ne tombera pas avec la fin du 16ème congrès mondial du gaz, à la mi-avril. L'histoire récente d'Oran et la mémoire de ses habitants foisonnent de ces exemples où projets et ambitions ne servent qu'à épater la galerie ; sitôt les lampions éteints, ils retournent dans les tiroirs de l'oubli.