Une grande anarchie règne dans la station de bus du 2 Mai 1962 (non loin de celle de Tafourah) à Alger. Les bus, en grand nombre, sont en mauvais état, les horaires de départ et d'arrivée ne sont jamais fixés et le nombre de personnes transportées dans un même bus n'est jamais respecté. Sans compter l'absence de plaques d'indication pour l'orientation des voyageurs. «Ce n'est pas la première fois que je viens à cette station pour prendre le bus en direction du Caroubier mais je me perds toujours…» dit une femme d'un certain âge. Le plus irritant, ce sont ces chauffeurs qui continuent de dicter leur loi. Ils ne quittent «la gare» qu'une fois le bus rempli à l'extrême. «Je ne vais pas démarrer le bus vide…» entend-on dire à des citoyens qui se plaignent des longues attentes dans la station. «Il m'arrive d'attendre une heure dans le bus», confie un habitant de Réghaïa, qui affirme qu'il accepte cette situation pour la simple raison qu'il n'a pas le choix. «L'Etat laisse faire… je n'y peux rien», dit-il. La situation n'est guère meilleure dans les autres stations et les arrêts intermédiaires disséminés à travers les communes de la capitale. A Bab El Oued, il n'y a même pas de station, mis à part celle des Trois Horloges, réservée exclusivement aux bus de l'ETUSA (Entreprise de transport urbain et suburbain). Sinon, sur le front de mer, les chauffeurs de bus se garent en file indienne tout au long et des deux côtés de ce boulevard, exposant les voyageurs à de nombreux dangers. Les risques sont encore plus grands durant les jours de pluie, ce qui entraîne des inondations bloquant la