Ce constat des usagers sera confirmé de visu par n'importe quel citoyen qui emprunte ce moyen de transport. A un passager qui le sollicitait de démarrer après plus de 20 minutes de stationnement, un receveur de bus de transport de voyageurs réplique: «On dirait que tu n'as jamais pris un bus». Indigné par cette réponse, le passager riposte par un bref rappel de la loi. Exaspéré, il décide de descendre et de changer de bus. A sa grande surprise, le bus suivant, vétuste et crasseux, a mis plus de 30mm avant de démarrer. Remarquant que le bus roule à une vitesse de tortue, le même voyageur a fini par demander au chauffeur d'aller un peu plus vite. «Si ça vous déplaît, vous pouvez prendre un taxi», a répondu sèchement le chauffeur. Déboussolé, l'usager a demandé au chauffeur de s'arrêter devant le premier barrage de police. Une petite escarmouche verbale s'en est suivie. Arrivé au premier barrage de police érigé à quelques encablures, le voyageur a usé de toute son imagination pour raconter sa situation aux policiers. A son grand malheur, la réponse des policiers lui était fatale. «Tu peux changer de bus si cela ne te plaît pas.» Le malheureux a refusé de remonter dans le bus et la tête baissée, s'est contenté d'un petit blasphème contre...en...Algérie. Cette scène qui ressemble plus à un scénario d'un film social, s'est déroulée au niveau de la station de bus Tafourah, à Alger. Les deux bus concernés assurent la liaison Chéraga-Alger. Arrivé au niveau de Chevaley, sur les hauteurs de Bouzaréah, le chauffeur a commis une contravention (stationnement interdit). Interpellé par la police, la surprise était telle que les voyageurs sont restés bouche bée. Le chauffeur qui les transportaient est sans papiers. Son receveur également. La boîte à pharmacie est hors d'usage. L'extincteur est périmé depuis...deux mois. Cette situation traduit l'état de déliquescence dans laquelle se trouve le secteur du transport collectif des voyageurs à Alger. A souligner que de telles scènes se produisent chaque jour à travers presque toutes les lignes de transport dans la capitale. La ligne Tafourah-Chéraga est la ligne la plus anarchique au niveau de la capitale. Ce constat des usagers sera confirmé de visu par n'importe quel citoyen qui emprunte cette ligne. Ainsi, ses usagers vivent le calvaire au quotidien. Chaque matin que Dieu fait, et cela double d'intensité en hiver, des centaines de personnes, tous âges confondus, se bousculent dans l'arrêt de bus desservant cette destination pour prendre place dans un bus généralement vétuste. Les chauffeurs se prennent pour des rois de leurs clients et ne démarrent qu'une fois le bus plein comme un oeuf. «Ils ne se soucient guère de leurs clients et leur seul souci c'est d'amasser de l'argent», proteste un usager. Cette situation profite aux voyous de tout bord et aux délinquants qui y montent et descendent à leur gré. Les utilisateurs disent ne rien comprendre à cette situation qui n'a que trop duré. Cela étant, ces derniers interpellent les autorités compétentes en la matière pour trouver une solution à ce calvaire. Anarchie totale et mauvaise gestion du secteur, notamment au niveau des gares routières, non-respect des cahiers des charges par les transporteurs, allocation des lignes pour des particuliers, non- respect des voyageurs, vétusté du parc roulant...sont entres autres, les problèmes dont souffre ce secteur dans la capitale. Plusieurs tares sont également dénoncées par les professionnels du secteur affiliés à l'Union générale des commerçants et artisans algériens. Les agences de transport ne sont pas équipées des moyens nécessaires pour le bien des transporteurs et des usagers. Il s'agit bien entendu d'arrêts de bus sans abribus, inexistence de sanitaires au niveau de plusieurs agences et absence de sécurité. A cet effet, l'Ugcaa appelle les autorités concernées à l'effet de créer des postes de police au niveau des agences qui en manquent. Constatant l'anarchie qui caractérise ce secteur de services, Zahir Abdenour, membre de la commission des transports à Alger, a appelé, lors d'une conférence tenue l'été dernier au siège de l'Ugcaa, à la (ré)organisation du secteur et à la régulation du marché. A signaler dans ce contexte, qu'Alger n'est pas la seule wilaya qui souffre de l'anarchie dans ce secteur vital de la vie quotidienne des citoyens. Selon Kamel Bouhanef, président de la commission des transports au sein de l'Ugcaa, le parc national du transport composé de quelque 29.000 transporteurs au niveau national, souffre de vétusté. Selon lui, plus de 60% de ces véhicules sont vétustes et ont plus de dix ans.