Jamais, depuis l'indépendance de l'Algérie, un congrès du parti du Front de libération nationale n'a été aussi plat que celui qui s'est ouvert hier à la Coupole du complexe olympique du 5 Juillet à Alger. Plus que du consensus, l'ambiance qui régnait au sein des 3 565 délégués venus des quatre coins du pays et de l'immigration confirme, en effet, ce que tous les observateurs ont relevé depuis le dernier congrès, le 8e bis, officiellement appelé congrès réunificateur : il n'y a plus de dissensions, du moins de manière aussi grave que la période qui a précédé l'élection présidentielle de 2004. Il n'y a qu'à voir la ferveur des congressistes qui scandent pour la première fois «deuxième mandat», pour demander à leur actuel secrétaire général de rempiler, pour s'en rendre compte. Abdelaziz Belkhadem, dont le discours, empreint de rhétorique et de «flèches empoisonnées», adressées tantôt à la presse tantôt aux opposants et autres dissidents, a roulé sur du velours. Lui qui, il y a tout juste quelques années, était voué aux gémonies, est pratiquement devenu la pièce maîtresse d'un parti qui, en l'espace de deux mandats présidentiels, a retrouvé sa place de première puissance politique du pays. Mieux que cela, le FLN a même retrouvé les couleurs d'antan. Puisque les fleurs et les décors qui ont entouré, hier en matinée, l'estrade sur laquelle se sont succédés des invités, notamment étrangers, renvoient à une époque où les partis uniques avaient le vent en poupe. On se croirait aux congrès du Parti communiste chinois ou nord-coréen. Ces derniers, rares à être encore partis uniques dans leur pays, étaient justement présents. Ils ont côtoyé, le temps d'une cérémonie, d'autres formations tout aussi vieillissante que le Baath syrien ou encore le RCD du président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali. Autre signe qui ne trompe pas : la vieille garde du vieux parti unique était aux premiers rangs. On y voit Chadli Bendjedid, dont le nom a suscité une standing ovation, aux côtés de Boualem Benhamouda et Abdelhamid Mehri, anciens secrétaires généraux. Mais il y avait des dizaines d'anciens ministres et parlementaires. Ces derniers étaient, bien entendu, accompagnés de personnalités nationales venues de différents horizons. A commencer par le Premier ministre Ahmed Ouyahia (venu probablement au nom de son parti le RND), en passant par la secrétaire générale du Parti des Travailleurs Louisa Hanoune et, bien sûr, les chefs d'organisations nationales. C'est également un autre souvenir d'une époque normalement révolue. Ceci pour le cérémonial. Pour l'essentiel, il n'y aura donc rien de nouveau à attendre. Il est, en effet, presque acquis que Abdelaziz Bouteflika va être reconduit comme président du parti, même si la fonction honorifique va prendre le dessus et Abdelaziz Belkhadem est pratiquement assuré de garder sont fauteuil de secrétaire général. La seule nouveauté à signaler est celle liée à certains changements statutaires. Là aussi, il ne s'agit point de «rénovations», mais plutôt de retour aux sources. Les congressistes vont apparemment reconduire l'ancien organigramme du parti. On retrouvera, dès demain en effet, l'appellation de bureau politique, comité central, avec évidemment le secrétaire général comme point nodal. Cela est actuellement en discussion dans les commissions installées depuis hier après-midi. Un congressiste rencontré hier au sortir de la salle du complexe olympique a résumé ainsi les rencontres du FLN : «Au Congrès du FLN, il faut quitter la salle juste après l'exécution de l'hymne national.» A. B.