Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi Changement climatique, pollution, pêche illicite… sont les principaux facteurs liés à la rareté du poisson, selon un responsable du secteur de la pêche. La pénurie est également liée à la période de reproduction ou de la régénération, puisque les espèces bleues rejoignent les profondeurs inaccessibles pour la flotte locale. Aujourd'hui encore, la sardine n'est pas au rendez-vous de toutes les attentes. Le maigre butin est liquidé à des prix exorbitants, et cette flambée qui défraie toutes les chroniques de vente de cet aliment dit des pauvres, ayant été de tout temps considéré comme le principal nerf vital des multiples activités gravitant autour du port de Béni Saf. Des prix qui ne sont pas à la portée des bourses moyennes, tout autant pour les pêcheurs de palangriers, lesquels, paradoxalement, ne couvrent même pas les frais du sardinier en navigation. La sardine et les petits pélagiques ont-ils déserté définitivement les côtes ? Selon les pêcheurs, les variations climatiques ont et auront une incidence sur les lieux de développement des espèces marines, végétales et animales, et, par voie de conséquence, sur la pêche. Cette influence est déjà constatée pour certaines espèces appréciées, notamment la sardine, les crustacés, etc. En effet, si la wilaya d'Aïn Témouchent a enregistré durant l'année écoulée une production, toutes espèces confondues, dépassant les 31 000 tonnes ; pour 2008, la production s'avère faible, malgré de gros investissements dans ce domaine. Notons que le port de pêche de Béni Saf compte plus de 213 embarcations, dont une quarantaine de chalutiers, près de 23 sardiniers, des petites embarcations, etc. Malgré une flotte importante, des marins, interrogés sur la rareté du poisson, font état de la pêche illicite en période de ponte, de la pêche aux explosifs et de la pollution, etc. Tous ces facteurs, a-t-on signalé, participent à la décadence de la pêche à Beni Saf, considérée comme étant un véritable levier économique pour la région. Actuellement, le problème est beaucoup plus grave et nécessite une prise de conscience nationale, pour assurer la continuité de la sardine, surtout en ces temps très controversés, où la sécurité alimentaire s'impose. Au niveau de ce port, et, malgré les gros investissements qui ont été réalisés, avec les importants efforts déployés sur le terrain, le poisson est en danger, et la biomasse risque de perdre de son volume. Des spécialistes soulignent, à ce sujet, que le changement climatique menace les pêches et l'aquaculture par la hausse des températures de l'eau et du niveau des mers. A cela s'ajoutent les modifications de la salinité et de l'acidité des océans, la recrudescence de cyclones dans certaines régions et la rareté de la pluie. Le véritable problème reste, selon certains observateurs, l'utilisation de matériel interdit et la pêche dans des zones non réglementées, qui sont les violations les plus courantes, ainsi que le manque d'informations. Il est temps, a-t-on signalé, d'examiner des moyens de bloquer l'accès des ports aux navires qui pratiquent la pêche illégale. C'est le seul moyen d'endiguer ce phénomène pratiqué dans le littoral algérien. Selon les pêcheurs, le seul moyen de protéger la biomasse est le respect de pêche, en évitant la surexploitation par des décisions fermes et strictes pour lutter contre les pêches illicites, la pratique de l'explosif, et s'atteler davantage à protéger l'environnement.