Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba L'anémie est un symptôme constant de l'insuffisance rénale chronique qui s'aggrave avec la dégradation de la fonction rénale. Le principal facteur responsable est un déficit de sécrétion de l'érythropoïétine (EPO). Le traitement de l'anémie chez les malades atteints d'insuffisance rénale chronique (IRC) a fait l'objet, récemment, d'un séminaire organisé à l'hôtel Sheraton par les laboratoires Roche. D'éminents spécialistes en néphrologie français et algériens ont pris part à cette rencontre, dont les professeurs Bernard Canaud et Gilbert Deray, M. Benabadji et Tahar Rayane. Lors de ce séminaire, ils ont mis l'accent sur les avancées dans le traitement de l'anémie associée à l'insuffisance rénale chronique, dont le Mircera, une erythropoeitine à action prolongée dont les avantages sur la qualité de vie des malades sont reconnus par les spécialistes. Selon le professeur Canaud, chef du service néphrologie à l'hôpital de Montpellier, l'anémie apparaît au stade 3, c'est-à-dire à un stade relativement avancé. «Elle a toujours été considérée comme un symptôme fonctionnel qui altère la qualité de vie du patient», indiquera ce spécialiste, qui estime que, depuis l'existence de l'erythropoeitine, on s'est aperçu que l'anémie est un facteur de comorbidité, car «elle fait progresser l'insuffisance rénale, aggrave les maladies cardio-vasculaires, et perturbe un certain nombre de facultés». Selon l'intervenant, l'anémie doit être corrigée le plus tôt possible, c'est-à-dire avant la dialyse, estimant que les moyens scientifiques existent comme la disponibilité du fer, d'agents stimulants de l'erythropoeitine. Le spécialiste français estimera que le traitement permettra de corriger l'anémie chez l'insuffisant rénal, de retarder la prise en charge sous dialyse et d'éviter les problèmes cardio-vasculaires en réduisant la taille du cœur, et, enfin, en améliorant l'état nutritionnel. Expliquant que la correction de l'anémie fait partie des éléments de néphrologie et de cardio-protection, le professeur Canaud dira que «les erythropoeitines disponibles actuellement, surtout celles à longue durée d'action comme la nouvelle molécule développée par Roche, permettent d'espacer les injections (1 fois par mois) et facilitent la correction de l'anémie», soit une économie de temps et d'argent. Le professeur Benabadji affirmera, pour sa part, que les thérapeutiques modernes apportent une solution et améliorent la qualité de vie du malade. Abordant l'intérêt de la généralisation de l'utilisation de l'EPO, le professeur Rayane, président de la Société algérienne de néphrologie, de dialyse et de transplantation, met en exergue l'importance de préconiser ce traitement avant et en dialyse et ce, dira-t-il, pour plusieurs raisons : «Son utilisation en prédialyse permet de retarder l'évolution de l'insuffisance rénale chronique, et les malades auront une meilleure qualité de vie. En outre, ce traitement pendant la dialyse aide à prévenir des complications cardio-vasculaires.» Il expliquera qu'un taux d'hémoglobine entre 10 à 12 grms par DCL réduit le risque d'hypertrophie ventriculaire gauche, diminue les accidents coronariens et les AVC et assure une meilleure qualité de dialyse. Par ailleurs, pour l'intervenant, l'utilisation de l'EPO chez les patients dialysés permettra de ne plus recourir aux transfusions sanguines qui sont des sources de contamination virale et entraînent une hypermmunisation réduisant les chances de transplantation rénale. Il y a lieu de noter que le comité médical de néphrologie compte organiser une réunion de consensus pour élaborer des recommandations du traitement de l'anémie des insuffisances rénales chroniques, qui seront transmises au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le professeur Rayane a plaidé pour la transplantation rénale, notamment à partir de donneurs cadavériques pour mettre fin au calvaire des malades dialysés, de plus en plus jeunes. L'Algérie devra développer une véritable stratégie de greffe du rein en lançant des campagnes de sensibilisation en matière de dons d'organes. Notre pays est, en effet, en retard dans ce domaine. Une situation qui arrange certains centres privés de dialyse qui poussent comme des champignons et qui font des séances d'hémodialyse un commerce florissant. Evoquant la progression constante de l'incidence et de la prévalence de l'insuffisance rénale chronique, le professeur Gilbert Deray relève l'explosion en nombre de patients partout dans le monde. Cela est dû, dira t-il, à l'augmentation des pathologies vasculaires ou métaboliques comme l'hypertension artérielle et le diabète ayant un retentissement rénal, en mettant en cause le phénomène de «la mal bouffe mondiale». Selon lui, la prévention des maladies cardiovasculaires et du diabète s'avèrent nécessaire si l'on veut lutter contre l'insuffisance rénale. Il insistera, enfin, sur l'intérêt du dépistage précoce de cette pathologie aux conséquences dramatiques. Il faut savoir que les reins accomplissent des fonctions cruciales qui touchent toutes les parties de l'organisme : élimination des déchets, régulation de la tension artérielle et production de l'érythropoïétine, l'hormone qui contrôle les globules rouges. L'anémie rénale est une complication courante et invalidante de l'IRC, caractérisée par un faible taux d'hémoglobine dans le sang. Résultat : les tissus de l'organisme ne sont pas suffisamment alimentés en oxygène, ce qui peut entraîner des complications cardio-vasculaires sévères, voire le décès en l'absence de traitement.