De notre envoyé spécial à Tamanrasset Samir Azzoug La première phase du projet «conservation et utilisation durable de la biodiversité dans les deux parcs de l'Ahaggar et du Tassili» terminée, l'heure est à l'évaluation et à l'élaboration d'une nouvelle étape. «La phase préparatoire, dite de renforcement des instruments de gestion de la biodiversité a traversé une longue période de maturation et de reformulation des objectifs en fonction des intérêts stratégiques de notre pays dans ce domaine», explique M. Mourad Batrouni, directeur de la protection légale et de la valorisation du patrimoine culturel, à l'ouverture, hier, des journées sur la préservation de la biodiversité d'intérêt mondial dans les parcs de l'Ahaggar et du Tassili, à Tamanrasset. Lors de son allocution, le représentant de la ministre de la Culture a brossé un tableau général sur les efforts consentis en matière de prise en charge de la protection de la biodiversité dans les parcs de l'Ahaggar et du Tassili en Algérie, mettant en relief les bons diagnostics, les meilleurs choix ainsi que la bonne négociation des projets «d'importance mondiale et d'enjeux planétaires» par les experts algériens, d'un côté. Et de l'autre, il a mis en exergue la complexité, pour les spécialistes justement, d'application d'un plan classique pour la protection du patrimoine dans cette zone où les repères historiques, naturels, culturels et socio-économiques sont imbriqués et indissociables. Dans ces parcs, «la diversité biologique, animale et végétale, recouvrent des significations qui ne sauraient être perçues sous le seul prisme de l'écosystème. Toutes ces valeurs sociales, culturelles et économiques portées par des communautés, profondément attachées à leur territoire et à leur identité, ne se voient pas traduites objectivement dans le calcul de l'effort de développement, car elles sont de caractère coutumier et de nature le plus souvent tangible», poursuit M. Batrouni. L'orateur a ainsi mis le doigt sur l'inadaptation d'un schéma classique de parc naturel tel que dessiné dans le cadre logique du Fonds l'environnement mondial (FEM) et cela principalement pour trois raisons, liées à la notion de population autochtone, à la participation de la femme aux affaires de la collectivité ainsi qu'à celle de l'indissolubilité des patrimoines naturels et culturels. Sur un autre volet, M. Batrouni mettra en garde contre le phénomène de la «biopiraterie» ou «impérialisme vert» qui se manifestent par la convoitise des gravures et peintures rupestres par des «collectionneurs amateurs et autres touristes échantillonneurs travaillant pour le compte de quelques laboratoires spécialisés». Revenant sur la convention ratifiée par l'Algérie et le PNUD en matière de préservation de la biodiversité, le projet en totalité est étalé sur 8 ans et comprend deux phases. La première (terminée) de trois ans a été lancée en 2005 et a bénéficié d'une enveloppe de plus de 3,5 millions de dollars par le FEM. Pour l'heure, les résultats enregistrés sont : le renforcement des capacités dans les deux parcs qui comptent plus de 500 agents, l'élaboration de textes législatifs actualisés, la mise en place d'un système de suivi de la biodiversité ainsi que l'appui à l'éco-développement. «Je me réjouis des résultats», déclarait, lors de la cérémonie d'ouverture de ces journées, le représentant permanent du PNUD en Algérie Mamadou M'baye. «Ce projet a été évalué par un groupe d'experts indépendant et je tiens à rendre hommage aux directeurs pour le travail extraordinaire effectué», poursuit-il. La seconde phase du projet devra s'étaler sur cinq ans et sera destinée à la mise en œuvre opérationnelle avec une enveloppe dédiée de près de 5,4 millions de dollars du FEM. Les journées d'information sur la préservation de la biodiversité d'intérêt mondial dans les parcs de l'Ahaggar et du Tassili se dérouleront jusqu'à jeudi prochain à Tamanrasset. Des conférences et des ateliers y sont prévus.