Réunies autour de certaines convictions, mais parfois derrière des intérêts inavoués, les organisations estudiantines marquent naturellement la vie de l'université. A chacune d'elles sa façon de voir l'université et, par extension, la société. L'existence de ces organisations estudiantines prend de la consistance dès qu'il s'agit des facultés ou d'écoles dites grandes. Il y a néanmoins des organisations qui ne se contentent pas d'un champ d'exercice limité dans une seule université. L'objectif est souvent celui d'étendre sa présence et ses idées à d'autres campus. Plusieurs organisations ont atteint cette finalité. Après une création signée dans une université, quelques structures syndicales ont pu s'installer dans d'autres pôles universitaires. D'aucuns posent cependant la question de savoir si les organisations estudiantines préservent leur réseau au-delà du cursus universitaire. Pour un ancien étudiant en sciences médicales à la faculté centrale d'Alger, activant dans l'association Souk, «il n'est pas facile de garder le contact avec les autres membres de l'association. Une fois le cursus terminé, chacun plonge dans ses préoccupations personnelles et rentre généralement dans sa ville natale. Ce qui fait qu'il n'est pas possible de projeter quoi que ce soit, quand bien même l'intérêt et la volonté resteraient partagés». Brahim, parti en France, avoue qu'il n'a plus aucun contact avec ses anciens copains de la faculté réunis par le cadre associatif. «A chaque époque ses préoccupations», dit-il. La chose ne diffère pas au niveau de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA), une organisation très ancrée dans les campus et les cités universitaires. M. Dahmani, aujourd'hui doctorant, estime que «les liens entre anciens animateurs à l'intérieur de l'université se résument à des rencontres dans certains rendez-vous politiques pour ceux qui continuent de militer après les années d'université». Il soutient que même les actions qui seraient organisées par quelques syndicalistes après les années de fac ne répondent pas à la même dynamique ni à l'esprit qui existaient au moment où ces personnes ont le statut d'étudiant. Pour notre interlocuteur, qui privilégie l'approche sociologique, «il n'y pas de raison de parler des réseaux politiques ou d'intérêts autour d'anciens étudiants. Il faut voir la chose très simplement : les étudiants ont toutes les difficultés à activer comme ils veulent quand il y a possibilité de se rencontrer quotidiennement. Comment voulez-vous qu'ils visent quelque chose une fois dispersés par les ‘‘orientations'' de la vie ? C'est impossible. Les organisations qui sont en mesure de maintenir leurs réseaux sont celles qui bénéficient des privilèges et d'appuis de la part d'autres groupes d'intérêts». En définitive, les animateurs d'organisations estudiantines n'arrivent pas à maintenir leur réseau au-delà du cursus. A. Y.