Photo : M. Hacène Par Sihem Ammour Le Musée national des beaux-arts d'Alger organise jusqu'au 15 avril prochain une exposition intitulée «Identité algérienne, un art de vivre en Algérie» dédiée à l'art de vivre de l'Algérie d'antan avec une palette d'œuvres des artistes de l'école d'Alger et des objets séculaires de la vie quotidienne qui témoignent du raffinement de l'art de vivre propre à chaque région d'Alger, qui tend malheureusement à disparaître. A propos de l'objectif de cette exposition, Yasmina Kada, responsable de la communication, explique que «cette exposition est un prélude à la célébration du mois du patrimoine qui sera placé cette année sous le sceau de l'identité algérienne selon les directives du ministère de la Culture». Elle a également précisé qu'«à travers la cinquantaine d'œuvres des artistes de l'école d'Alger qui appartiennent à la collection du musée et aussi aux nombreux objets prêtés bénévolement par des privés, le Musée des beaux-arts aspire à renouer avec nos repères identitaires. Il est très important de faire redécouvrir aux visiteurs algériens que l'art de vivre et la culture était fortement présente dans le quotidien des Algériens depuis des siècles». C'est au sein de la salle Bachir Yelles que les visiteurs pourront découvrir des œuvres splendides de différents styles et genres tels que la peinture sur toile, à la gouache, au fusain et au crayon, la miniature et également la sculpture. Plusieurs thématiques sont abordées, à l'instar de celle dédiée aux paysages naturels, à l'architecture citadine, à la célébration de la fête, à la beauté de la femme, à la musique et à des scènes du quotidien. Ainsi, les amateurs d'art pourront redécouvrir la beauté de la Femme au palmier, une gouache sur papier de Baya Mahieddine, de Femmes au cimetière d'El Kettar, une huile sur toile de Abdelhalim Hemche datant de 1928, d'Epoque et civilisation, une gouache de Souhila Belbaher illustrant le raffinement des «quaadate» des femmes citadines au début du siècle dernier. Les paysages sont également présents, à l'instar de celui d'un des précurseurs de la peinture contemporaine algérienne, Azouaou Mammeri, intitulé Village de Kabylie. Les visiteurs peuvent également redécouvrir l'éclat et la finesse de la miniature algérienne à travers plusieurs œuvres, dont celle du grand maître du genre Mohamed Racim, intitulée l'Heure exquise et les Terrasses de la Casbah ainsi qu'un médaillon en argent finement ciselé intitulé la Musicienne. Les scènes du quotidien sont largement représentées par une large palette des œuvres des artistes renommés de l'école d'Alger. Réuni par l'ambition de «traduire la beauté des paysages de l'Algérie tout en rompant avec l'orientalisme caractérisant la peinture du siècle précédent», l'école d'Alger est un groupe de peintres et de poètes qui comptait parmi ses membres des artistes de renom, à l'exemple d'Etienne Bouchaud, de Charles Brouty, de Marcel Bouviolle, de Léon Cauvy et de Louis Ancillon. Ainsi, on peut découvrir dans cette exposition l'huile sur toile d'Henri Clamens, intitulée le Café maure, l'œuvre intitulée Cavaliers oranais, une gouache colorée d'Augustin Ferrando, une peinture à la gouache et à la plume de Leveneur intitulée Marché traditionnel et un dessin au crayon réalisé par Alfred d'Abrantès illustrant la beauté architecturale de la mosquée de Cherchell. Il est à noter la beauté des estampes en relief en bronze de Ludovic Penneau intitulées les Musiciens de Bou Saada et Préparation du repas. Il y a également le relief en bronze de Bigonet Charles qui incarne l'élégance du port du burnous. L'exposition comprend aussi des sculptures d'artistes algériens de renom comme Mohamed Boukerche, présent à cette exposition avec la Voilée. Parmi les divers objets traditionnels qui expriment le savoir-vivre de la femme algérienne, citons la fibule en or sertie d'émeraudes et de rubis, une fiole en porcelaine de Bohème peinte avec des motifs en or à la main, des tasses à thé en porcelaine ornées de calligraphies représentant des versets coraniques. Il y a également de nombreux objets en cuivre, à l'instar du récipient servant à la préparation du henné, rehaussé de calligraphies arabes et de motifs floraux, des «briks» finement ciselés et un «tabsi achiouat» datant du XVIIIe siècle. La finesse et la délicatesse des costumes féminins finement brodés d'or sont également exposées, à l'instar d'une gh'lila (robe) et d'une meherma (foulard) de la région de Mascara, confectionnées en 1910. Cette finesse de la broderie algérienne, on la retrouve aussi dans les objets de tous les jours, à l'exemple des napperons faits main en «chbika de Cherchell» et qui datent également de 1910. Au final, c'est un véritable voyage au cœur d'un mode de vie imprégné d'un art de vivre empli de délicatesse et de culture d'un passé pas si lointain que cela auquel nous convie le Musée national des beaux-arts d'Alger. Une halte marquée par l'espoir que les Algériens renouent avec cet art de vivre qui fait partie de leur identité au lieu de succomber aux pacotilles en toc importées d'ailleurs.