Photo : M. Hacène Par Abderrahmane Semmar Logement, un mot qui résume souvent à lui seul toutes les désillusions et les désespoirs des jeunes Algériens. «Une vie sans logement est une vie sans dignité», confient la plupart des jeunes interrogés au sujet de cet épineux problème de société. En effet, dans une société conservatrice comme la nôtre, toujours régie par des normes sociales patriarcales obsolètes, posséder un toit à soi est une condition sine qua non pour pouvoir vivre conformément à ses aspirations. Mais face à la cherté des prix des appartements en Algérie, rares sont les jeunes de notre pays qui caressent en réalité l'espoir, un jour, de posséder les clés de leur maison. Aujourd'hui, rien que pour un F3, il faut compter débourser plus d'un milliard de centimes dans une simple bourgade. Par ailleurs, les prix du mètre carré ne cesse de battre des records historiques d'une année à l'autre. C'est dire s'il faut vraiment être aisé pour se permettre un logement dans ce pays. Malheureusement, ce n'est guère le cas des jeunes Algériens qui sont durement frappés par le chômage, la précarité des salaires et le mal-vivre. Dans ces conditions, une étude du collège des architectes l'a confirmé, il faut compter au moins 75 ans de travail pour pouvoir acheter un logement dans ce pays ! Autant dire que c'est une mission impossible. Cela dit, dans un tel contexte social, de nombreux jeunes continuent à vivre chez leurs parents, repoussant ainsi toute ambition d'une vie libre et indépendante. «J'ai 35 ans et je vis toujours chez mes parents avec mes sœurs et mes frères. L'exiguïté est telle que parfois j'ai envie de craquer. Je n'ai pratiquement aucune liberté. Je ne peux même pas parler au téléphone librement avec ma copine puisque mes deux petits frères dorment avec moi. Croyez-moi, je ne vois aucune perspective d'avenir dans ma vie», raconte Yahia dont le seul soulagement vient du travail qu'il a récemment décroché. Un emploi qui lui assure au moins un salaire après plus de 5 ans de chômage et de débrouillardise. «Mais ce salaire ne me permettra jamais de me marier ou d'avoir un logement. Même si je veux louer seul, je ne pourrai nullement me le permettre. Que peuvent vous apporter 25 000 dinars ?» peste notre interlocuteur qui s'inquiète sérieusement de son avenir. Hamid, 29 ans, salarié dans une entreprise, vit la même angoisse. «Pour l'heure, je ne me vois pas vivre ailleurs. Je suis obligé de continuer à vivre avec ma famille. C'est très dur car je subis beaucoup de contraintes qui me pourrissent l'existence. Je me sens réellement soumis à un ordre que je n'accepte pas. En ce moment, je ne peux pas me permettre de louer ailleurs. Je préfère économiser en attendant. Ce problème obscurcit tous mes horizons», reconnaît-il. Des jeunes gens comme Hamid et Yahia sont légion dans notre pays. Certains se débrouillent en optant pour la colocation avec leurs potes. D'autres se résignent à accepter de vivre avec leurs parents en attendant des jours meilleurs. Quoi qu'il en soit, tous ces jeunes se sentent exclus par la politique du logement mise en œuvre par le gouvernement. Alors va-t-on un jour leur tendre une main salvatrice ?