Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Pour les jeunes universitaires fraîchement diplômés, les années se suivent et se ressemblent. Pour trouver un emploi, un véritable chemin de croix s'impose à ces jeunes pétris d'espoir et d'ambitions. S'il y a une chose à retenir de l'année 2009, c'est incontestablement le taux de chômage galopant qui n'a cessé de prendre des proportions alarmantes. En dépit des mesures encourageantes et des investissements consentis par les pouvoirs publics, le chômage des jeunes diplômés demeure un sérieux problème qui handicape le développement d'un pays. Le gouvernement algérien, qui se réfugie souvent dans un optimisme béat sur ce dossier, se montre incapable de répondre aux attentes des diplômés en matière d'emploi. L'Etat a beau gonfler les chiffres de la création de l'emploi, des statistiques naturellement irréelles, les jeunes diplômés se retrouvent néanmoins toujours livrés à des «besognes» temporaires et précaires. Combien de médecins attendent leur affectation dans un CHU ? Combien de jeunes ingénieurs quémandent un poste dans une entreprise publique ou privée ? Force est de constater que ni le plan de relance économique, annoncé en grande pompe par le gouvernement, ni les mirobolantes recettes engrangées par les exportations de pétrole n'ont pu réaliser le rêve de ces jeunes diplômés, lesquels soutiennent les murs en attendant des lendemains meilleurs. Certes, une partie de ces universitaires trouve un travail. Mais de quel travail s'agit-il ? Des majors de promotion de grandes écoles et universités algériennes se retrouvent ainsi dans le filet du préemploi pour une modique somme mensuelle de 8 000 DA ! Est-ce là le mérite de toute une vie sacrifiée pour les études et la recherche ? Certainement pas. «Chez nous, dès votre sortie de la fac, on vous laisse le choix : le chômage ou l'emploi précaire où on vous exploite pour quelques sous récoltés à la fin du mois. C'est tout simplement une atteinte à notre dignité», témoignent à ce propos de nombreux jeunes diplômés qui, désormais, préfèrent aller chercher «pitance» sous des cieux plus cléments. Eh bien oui, la fuite des compétences n'a jamais été aussi importante que durant ces dernières années. Et au rythme où vont les choses, en 2010, les files d'attente devant l'ambassade du Canada et le centre d'études en France risquent encore d'être plus longues. C'est dire si les promesses creuses et les discours trempés dans la langue de bois exaspèrent plus que jamais les jeunes diplômés algériens. Pourtant, de nombreuses facilitations à la création de l'entreprise ont été accordées en 2009. Mais comme les banques, avec leur bureaucratie outrancière et leur népotisme habituel, ne jouent jamais le jeu, les désillusions ont été encore plus cruelles. «Notre pays est en train de gâcher son capital humain. Une société aussi jeune, aussi créative et aussi ambitieuse mérite beaucoup mieux qu'une administration somnolente, corrompue et incompétente», soulignent à ce propos de nombreux économistes. L'année 2010 sera-t-elle différente pour ces jeunes diplômés ? Rien n'est moins sûr car l'Algérie a renoué avec «le temps des vaches maigres». La débrouillardise sera donc encore une fois le dernier remède contre le chômage. Mais jusqu'à quand ?