Dans le cadre de la rencontre hebdomadaire «Echos de plumes», le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi a accueilli, samedi dernier, Anna Kepfer et Ariel Bonzon, deux artistes aux multiples talents présentes en Algérie dans le cadre du Printemps des poètes organisé par le CCF d'Alger.L'animateur de cet espace littéraire, en l'occurrence Abderezak Boukouba, a d'emblée souligné que cette rencontre s'inscrit dans l'esprit de la relation du théâtre avec les autres formes artistiques. Exceptionnellement, la rencontre a été animée par la poétesse algérienne Samira Negrouche.Anna Kepfer, d'origine berlinoise, comédienne, chanteuse et musicienne, a expliqué qu'il y a déjà près de vingt ans, alors qu'elle incarnait le personnage de Calamity Jane sur scène, elle s'est retrouvée à chanter sur scène. Au fil des années, sa sensibilité pour d'autres expressions artistiques l'a, peu à peu, amenée à explorer d'autres univers et briser les frontières pour construire un univers pétri de sensibilités poétiques.Dans le spectacle Babel qu'elle présentera aujourd'hui, Anna Kepfer chantera les plus grands poètes, notamment européens, à l'instar d'Aragon, Lorca, Machado, Manger, Pasolini, Brecht, Baudelaire et Camoens. La comédienne écrit dans la présentation du spectacle que «Babel est un répertoire dans lequel je suis ma route, sans cesse en mouvement, à la recherche de nouveaux espaces poétiques. Babel est un territoire imaginaire où je défais les frontières. C'est un voyage au long cours où se rencontrent et dialoguent les poètes que je chante dans leurs langues d'origine». Concernant sa sensibilité pour les langues, elle confie au public présent au TNA que c'est une autre manière de traverser les frontières pour aller au cœur de la sensibilité de l'individu. Elle dira à ce sujet : «Les langues permettent de découvrir l'humain à travers son mode d'expression. Ainsi, dans le spectacle Babel, ce qui important, c'est d'aborder l'humain à travers le langage de ces poètes. Le théâtre est porteur sur scène de cette humanité, à travers le chant et l'expression corporelle qui rendent possible la transmission de cette poésie dans un langage universel qui transcende toutes les frontières.» Pour sa part, Ariel Bonzon, photographe et scénographe du spectacle Babel, explique que l'art de la photographie est un perpétuel questionnement de son regard sur le monde et marque aussi une ouverture de l'esprit. Elle confiera : «Ce qui me plaît dans la photographie, c'est cet aspect philosophique relatif à la fuite du temps qui me faisait peur. Grâce à la photographie, j'arrive à apprivoiser cette peur en découvrant un autre espace temps.» Dans la présentation de son exposition intitulée «Comme un oiseau décrit une courbe», qui se poursuivra jusqu'au 11 mai prochain à l'espace Malraux en France, Ariel Bonzon écrit : «J'imagine à quoi cela ressemble d'être au monde. J'imagine comment regarder. Rêves et mythes puisent à la même source.» La photographe explique également que son travail dans Babel est destiné à accompagner l'univers mental de l'œuvre scénique dédiée à la poésie, dans une démarche harmonieuse avec les autres expressions artistiques présentes en traversant les frontières en toute subtilité et avec une pointe de fragilité.Avec sa guitare, Anna Kepfer a savoureusement clôturé la rencontre en interprétant le poème Cordoba du grand poète espagnol Federico Garcia Lorca. Ce soir, dès 18h, les deux artistes convient le public à venir au CCF d'Alger pour assister au concert de poésie Babel qui clôturera l'édition 2010 de la manifestation Printemps des poètes. S. A.