Inscrit dans le processus de modernisation de la CNAS, la carte Chiffa n'arrive pas à se faire une place dans les mœurs algériennes. L'objectif est de permettre à des millions d'assurés sociaux d'avoir un accès plus rapide aux services de la sécurité sociale (CNAS). Second objectif : épargner aux citoyens toutes sortes de désagréments bureaucratiques. Un budget de 16 millions d'euros a été débloqué à cet effet, selon les déclarations du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh. «Vous êtes affilié à quelle circonscription ?» La question est posée par le pharmacien Hebib, à Alger, à l'adresse d'un vieillard muni d'une ordonnance et de sa carte Chiffa. «Cette carte, je l'ai retirée du côté de la place des Martyrs», répond le vieillard. Résultat : il ne peut pas bénéficier des services de la Chiffa en achetant son médicament dans n'importe quelle pharmacie. Le client du pharmacien découvre ainsi que la carte Chiffa n'est opérationnelle que dans une zone limitée. Le pharmacien nous confirme la limite territoriale de l'exploitation de la carte Chiffa. La même source ajoute cependant que l'usage de la carte tend à se généraliser, particulièrement en ce qui concerne les malades chroniques. Estimés à 2 millions de personnes, ces malades peuvent acheter des médicaments à titre gracieux dans les pharmacies conventionnées avec la Sécurité sociale en fonction du taux d'assurance, soit entre 80 et 100%. «La majorité des gens qui l'utilisent sont ceux atteints de maladies chroniques», souligne une pharmacienne. Mais sur le terrain, il semble que les choses ne tournent pas tel que prévu par les autorités. En plus de ce facteur de zonage qui pénalise les assurés puisqu'ils ne bénéficient pas de ce service loin de la zone de leur «inscription sociale», il y a manifestement un grand déficit de communication à combler. Les officines se plaignent elles également de cette situation. «Les assurés ne savent pas de quoi il s'agit. Ils nous sollicitent quotidiennement. Cela veut dire que le processus n'a pas été vulgarisé tel qu'il se doit», explique un pharmacien de la rue Hassiba Ben Bouali, à Alger. La carte Chiffa contient, selon les responsables de la CNAS, des informations personnelles sur l'assuré : état de santé, suivi médical, remboursement des médicaments et examens médicaux. Elle est dotée également de plusieurs codes en vue de faciliter la mission des partenaires sociaux, tels les pharmaciens, les médecins, les agents de la CNAS et de garantir de meilleures prestations à l'assuré en matière d'orientation et de suivi médicaux en Algérie. Autrement dit, elle permet une coopération assez fluide entre les agents de la CNAS, les professionnels de la santé et l'assuré social. Cette carte est sécurisée, seule la CNAS ou le médecin traitant peuvent accéder aux informations contenues dans cette carte et ce, en vue de préserver la confidentialité du dossier médical de l'assuré. A. Y.