Les chefs d'état-major des pays de la bande sahélo-sahélienne sont, depuis hier, en réunion à Alger. L'adoption d'une stratégie commune de lutte contre l'insécurité et le terrorisme est au centre des débats. Cette réunion au sommet, intervenant un mois après la conférence des ministres des Affaires étrangères de la région, qui s'est penchée sur le même ordre du jour, s'emploie à consolider davantage la coopération antiterroriste entre les services compétents des Etats concernés. Il s'agit surtout de mettre chaque partenaire devant ses responsabilités dans ce dossier, grave et sensible à fois. L'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger, le Mali et le Tchad, qui ont des frontières communes sur ces vastes plateaux désertiques, ont évidemment un intérêt vital à sécuriser ce bassin et à pourchasser les hordes criminelles qui s'y réfugient. Profitant de l'instabilité chronique qui secoue certains Etats de la région, des trafiquants d'armes et de drogue, des mercenaires de tout poil et de dangereux contrebandiers, ont visiblement choisi d'installer leurs bases arrière respectives dans cette région austère et difficile d'accès. Les rébellions récurrentes, qui éclatent épisodiquement dans des pays comme le Tchad ou le Mali, compliquent davantage la situation en cohabitant avec ces groupes extrémistes autrement plus périlleux pour l'avenir de l'ensemble de la zone. Il est aujourd'hui établi que de gros narcotrafiquants, sud-américains et asiatiques, exploitent les faiblesses et les difficultés de nombreux Etats africains pour faire transiter leurs cargaisons de la mort vers le l'Europe de l'Est et vice versa. A cette menace imminente s'ajoute l'insistante ingérence des Etats du nord qui œuvrent inlassablement à y mettre pied pour soi-disant anéantir tous ces dangereux parasites. La coalition antiterroriste menée par les Etats-Unis ne cesse de solliciter l'aval des pays concernés pour y installer ses bases militaires. Il va sans dire que la satisfaction d'un tel vœu altérerait à coup sûr la souveraineté nationale des Etats en question et risque sérieusement de rompre bien des équilibres internes. Les sept pays, qui se concertent aujourd'hui à Alger sont presque obligés de mettre en œuvre une collaboration étroite et sans faille pour relever ce double défi. Il est clair que chaque partenaire doit, à ce propos, jouer pleinement son rôle et assumer intégralement ses responsabilités pour être à la hauteur de ce pacte historique et stratégique. Le cas du Mali, qui avait récemment libéré quatre dangereux terroristes se revendiquant d'El Qaïda en échange d'un espion français pris en otage par cette même organisation criminelle, a réellement mécontenté ses partenaires. Bamako, qui a clairement cédé aux pressions françaises, a sérieusement ébranlé la confiance de ses voisins immédiats. Une telle faiblesse est naturellement contreproductive dans un domaine où la fermeté devrait être de mise. De toute évidence, le salut de l'ensemble sahélo-saharien dépend de sa capacité à assurer sa propre sécurité, en prélude au développement économique et social qu'il se doit d'impulser. Il ne suffit pas de verrouiller cet espace devant les menaces, qui sont essentiellement extérieures. Il faut surtout travailler dur pour mettre en valeur ses richesses et ses potentialités au profit des populations locales qui vivent souvent dans une extrême précarité. Voilà, en résumé, le double défi qui se pose en urgence au Sahel. K. A.