La Fédération algérienne de football (FAF) a adopté, lors de sa dernière assemblée générale ordinaire, le statut du club professionnel. Une exigence de l'instance footballistique internationale (FIFA) à laquelle doivent se conformer toutes les fédérations nationales et, par conséquent, les clubs animant les championnats de l'élite d'ici la prochaine saison sportive (2010-2011). La question qui mérite donc d'être posée actuellement est la suivante : est-ce que les clubs algériens, de division I notamment, ou ceux de division II qui vont accéder, sont capables de répondre favorablement à cette série de conditions contenues dans le «règlement sur la procédure pour l'octroi de licences aux clubs», dont les principes ont été adoptés lors du 57e congrès de la FIFA, en mai 2007, et approuvés par les membres du comité exécutif lors de sa séance du 29 octobre de la même année ? Globalement, contrairement à ce que pourrait en penser plus d'un, la réponse serait par l'affirmative, si l'on considère que la quasi-totalité des clubs vont certainement se mettre, d'une manière ou d'une autre, en conformité avec ce texte de la FIFA. D'autant que la Fédération algérienne de football a commencé, depuis la saison dernière, à «préparer le terrain» à cette nouvelle configuration. A titre d'exemple, la FAF avait exigé, en début de saison, que les clubs des divisions I et II «montent» obligatoirement des équipes de différentes catégories (jeunes) Ce qui s'est fait par la suite. Par ailleurs, il y a quelques jours, la FAF a publié, sur son site Internet, le «Règlement du Championnat de football des divisions nationales I et II», dans lequel il est question de quelques conditions en ce qui concerne le Championnat national de division I et II. A titre d'exemple, un club de l'élite doit domicilier ses matches dans un stade de 10 000 places minimum, en plus de quelques autres conditions comme la présence d'un nombre de vestiaires pour les joueurs ou arbitres. Pour les clubs de la DII, il faut un stade de 8 000 places minimum. «Si ces conditions ne sont pas remplies, la ligue fixe d'office la domiciliation dans un stade dûment homologué», indique-t-on encore dans ce règlement. Bien évidemment, cela n'a rien à voir avec le «règlement sur la procédure d'octroi de licences aux clubs». En somme, il y a cinq groupes de critères dans le «règlement sur la procédure d'octroi de licences aux clubs» de la FIFA. Il y a des critères sportifs, d'infrastructures, administratifs, juridiques et financiers. Dans chaque groupe, il y a les critères A, B et C. Les critères A sont obligatoires. Si un club ne les remplit pas, il n'aura pas droit à une licence pour pouvoir participer à une compétition nationale ou continentale. Les critères B sont obligatoires aussi, mais le club demandeur de la licence qui ne les remplit pas pourra participer aux compétitions mais sera sanctionné par la FAF. Les critères C, dits de «bonne pratique», sont facultatifs mais, indique la FIFA, peuvent devenir obligatoires à l'avenir. Donc, pour l'instant, il faut s'arrêter aux critères A et éventuellement B. Ainsi, dans les critères sportifs, la FIFA impose (critères A) pour les clubs un programme approuvé de formation des jeunes joueurs et des équipes de jeunes joueurs. Dans les critères d'infrastructures, l'instance internationale exige du club qu'il dispose d'un stade, en tant que propriétaire, sinon il lui faudrait un contrat qui prouve que cette enceinte est à sa disposition durant l'exercice. Ici, on peut penser que le problème pourrait se régler puisque la majorité des communes ou OPOW vont mettre les stades à la disposition des clubs. Le stade bien évidemment doit être homologué. La FIFA n'évoque pas un chiffre en ce qui concerne la capacité d'accueil. «Le stade doit avoir une capacité minimale fixée en fonction de la demande moyenne de billets pour le championnat national», lit-on dans ce règlement. Cela concernant les critères A. Dans les critères B, il est exigé du club qu'il dispose d'installations d'entraînement. Dans les critères administratifs, l'instance internationale impose aux clubs de faire en sorte qu'il y ait une organisation complète : un staff pléthorique, y compris un médecin et un physiothérapeute, ainsi qu'un secrétaire général du club. Dans les critères juridiques, le club doit fournir une «déclaration relative à la participation aux compétitions de clubs» ainsi qu'une copie du registre du commerce. Les dirigeants doivent fournir également un document attestant qu'aucun d'eux n'est actionnaire ou propriétaire d'un autre club évoluant dans la même division. En dernier lieu, il y a les critères financiers. Les clubs doivent présenter des «états financiers annuels audités». «Quelle que soit la structure juridique du candidat à la licence, celui-ci devra établir ses états financiers annuels comportant bilans, compte de résultats et notes et les soumettre à un audit réalisé par des auditeurs indépendants, conformément à la législation nationale applicable aux sociétés à responsabilité limitée», lit-on dans ce règlement, qui ajoute qu'il faut qu'il y ait «absence d'arriérés de paiement envers des clubs de football résultant d'activités de transfert et absence d'arriérés de paiement envers le personnel et les administrations sociales ou fiscales». C'est ce dernier volet qui pourrait, éventuellement, poser problème si l'on considère que bon nombre de nos clubs sont peu regardants, d'une manière spontanée ou sciemment, sur leurs finances. En dernier lieu, il faut dire que, d'une manière générale, au vu de toutes ces conditions, on peut conclure que la quasi-totalité des clubs n'éprouveront pas de difficultés à se conformer «officiellement» à ce règlement. Seulement, dans ce cas-là, cela ne voudra nullement dire que le football algérien s'est professionnalisé. Le professionnalisme est dans la mentalité et dans le fonctionnement, mais non «sur le papier». C'est ce qui risque de se produire, si l'on ne s'attaque pas aux mentalités… A. A.