Cette discipline, malgré tous ses déboires, mérite-t-elle d'être suspendue à l'échelle internationale? La Fédération algérienne de football est sur le point de mettre ses statuts en conformité avec ceux de la FIFA. Cette dernière a saisi pour cela la FAF lui donnant le 31 mai 2006 comme ultime délai pour cette mise en conformité. Ce courrier n'est pas spécifique à l'Algérie. Il a été adressé à toutes les fédérations affiliées à l'instance internationale et dont les textes qui les régissent comportent certaines dispositions non conformes aux siens. Il faut savoir que les 11 et 12 septembre 2005, la FIFA a tenu son premier congrès en terre africaine, à savoir dans la ville marocaine de Marrakech. Lors de ce congrès, de nombreuses questions avaient été débattues et l'instance du football internationale avait mis l'accent sur le fait que les fédérations ne disposaient pas d'assez d'autonomie par rapport à leurs pouvoirs publics respectifs. Elle avait, ainsi, invité ces fédérations à procéder à une révision de leurs statuts dans lesquels il ne faudrait plus prévoir comme membres de leurs assemblées générales des représentants désignés par les pouvoirs publics. La FAF va, donc, devoir procéder à la suppression dans ses statuts de l'alinéa qui indique que 10 experts désignés par le MJS sont membres de l'AG et celui qui précise que trois de ces 10 experts feront partie du bureau fédéral élu. Cela voudrait dire qu'elle devra éviter de faire application du décret 405-05 relatif aux fédérations sportives dont l'annexe, portant statut type de la fédération, stipule que le ministre peut convoquer l'assemblée générale de la FAF (en cas de dysfonctionnements graves), qu'il désigne 30% des membres pouvant siéger dans cette assemblée et que le nouveau bureau fédéral et son président ne peuvent exercer plus d'un mandat. Si le ministère impose à la FAF la mise en conformité de ses statuts avec le décret en question, il sait bien que cela aboutira à l'exclusion du football algérien de toutes les compétitions internationales. On ne croit pas que l'on parviendra à une telle extrémité, puisqu'au mois de décembre dernier ce même ministère, qui avait fait obligation à la FAF de ne pas tenir son assemblée générale élective tant qu'elle n'aura pas fait application pour ses statuts du décret 405- 05, avait dû faire marche arrière après que Joseph Blatter eût menacé, le 7 décembre, le football algérien de suspension en cas de tenue de l'assemblée générale élective avec des statuts mis en conformité avec le nouveau décret. La FIFA n'a pas mis en application ces nouveaux statuts juste pour «embêter» l'Algérie. Lorsqu'on adhère à cette institution c'est qu'on accepte ses règles. Il y a 168 fédérations, de par le monde, qui lui sont affiliées et toutes sont tenues de respecter ces textes même s'ils sont en contradiction avec les textes réglementaires de leurs pays respectifs. Les statuts de la FIFA ne sont pas spécifiques à des pays nantis. Des lois il y en a dans tous les pays du monde, des pays qui, du plus riche au plus pauvre, contribuent à financer le sport, à construire des stades et à former des cadres. En France, pays capitaliste et faisant partie des huit nations les plus riches de la planète, on ne connaît pas un seul club qui puisse dire qu'un stade lui appartient parce qu'il l'a construit. Tout est propriété de l'Etat. Ce même Etat qui finance ses sportifs, les aide à se préparer et forme les cadres sportifs. Même les clubs professionnels reçoivent des subventions de cet Etat. Les fédérations sportives y sont contrôlées selon un contrat-programme signé avec le ministère des Sports. On citera, également, les USA, pays de l'ultra libéralisme, où une puissante fédération comme celle de l'athlétisme perçoit d'énormes dividendes de la part des autorités gouvernementales. Et puis il y a l'Italie où là le ministère de la Jeunesse et des Sports n'existe pas. Tout ce qui se réfère au sport est géré par le CONI, le Comité olympique italien. Les statuts de la FIFA s'adressent à toute la communauté internationale du football, une communauté qui vit, en partie ou totalement, grâce à l'argent que lui versent les pouvoirs publics auxquels l'instance internationale reconnaît le droit de contrôle. Mais elle tient plus que tout au verdict des urnes et à l'autonomie de la fédération. En fait, si la FIFA réagit de la sorte c'est parce qu'elle-même, comme toutes les autres fédérations sportives internationales affiliées au Comité international olympique, a été instruite par ce dernier qu'il fallait veiller à ce que les fédérations nationales subissent moins de pressions de la part de leurs autorités politiques. Pour l'instant, il n'y a que la FIFA et l'IAAF qui suivent à la lettre la recommandation du CIO, mais les autres pourraient suivre. Pour éviter à l'avenir tout conflit avec une fédération donnée, la FIFA, sur recommandation du groupe «questions politiques» de la Task Force que préside l'Algérien Mohamed Raouraoua, va élaborer une forme de convention type qui codifierait les relations devant exister entre gouvernements et fédérations. «Il est très important de garantir que les associations membres de la FIFA maintiennent leur indépendance et qu'aucune ingérence du gouvernement ne soit permise», a souligné le président de la commission des associations de la FIFA, le Russe Viacheslav Koloskov. On a appris, enfin, que la FIFA tiendra en septembre prochain une séance de travail avec le CIO sur ce thème des relations gouvernements-fédérations. Si l'instance olympique se mettait de la partie, il faut s'attendre à d'autres dispositions sur la question.