On aurait pu faire l'économie de faire réagir la FIFA en prenant nous-mêmes les devants. En annonçant que la FAF sera suspendue le 23 décembre si jamais son assemblée générale élective ne se tenait pas la veille et sur la base de ses statuts actuels, la FIFA n'a pas surpris. Depuis plus d'un mois, on savait que l'instance du football internationale sera intransigeante si jamais on venait à mettre les statuts de la FAF en conformité avec le nouveau décret relatif aux fédérations sportives. Elle l'a dit dans toutes les correspondances qu'elle a adressées à la FAF, mais cela n'a pas semblé déranger du tout le MJS qui n'a eu de cesse d'affirmer qu'il était dans le vrai et que le décret en question n'avait rien d'anormal par rapport aux textes de la FIFA. Il remarque, aujourd'hui, que l'interprétation qu'il faisait de ces textes n'était peut-être pas la bonne. A propos de décret, le jour où la presse a été mise au parfum de quelques-unes de ses dispositions, nous savions qu'il ne serait jamais accepté par l'instance de Zurich. C'était en plein mois de Ramadan, lors du passage de M.Yahia Guidoum, le ministre de la Jeunesse et des Sports, au forum du quotidien El Youm et ce soir-là, ce dernier avait indiqué que ledit décret finirait par être entériné par la FIFA. Mais cela c'était sa conviction, certainement pas celle des responsables de l'instance du football international. Du reste, peut-on réellement prendre la limitation des mandats du bureau fédéral à un seul comme une mesure démocratique? Cette disposition ne répond vraiment pas à l'esprit de la loi 90-31 consacrant le mouvement associatif conformément aux dispositions de la loi fondamentale du pays, sa constitution. S'apercevant que la FIFA ne reculerait pas, le ministre a fini par déclarer, à l'Assemblée nationale devant les députés, qu'une suspension ne serait pas gênante du fait que nous étions déjà sanctionnés par l'élimination de notre équipe nationale des compétitions internationales. C'est peut-être vrai mais dans ce cas on aurait pu faire l'économie de faire réagir la FIFA en prenant nous-mêmes nos devants. Cette histoire de ne plus participer aux compétitions internationales n'a rien de nouveau. En 1996, au lendemain d'une humiliante élimination de l'équipe nationale de la Coupe du monde de 1998 par le Kenya, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Mouldi Aïssaoui, avait prononcé la suspension du président de la FAF, M.Saïd Amara et de son bureau fédéral. Une suspension que la FIFA avait refusée au point de faire enlever de son poste celui qui avait, par la suite, été élu président de la FAF (il s'agissait de M.Mohamed Laïb) moins de trois mois après son élection. Le ministre avait annoncé la suspension en conférence de presse et ce jour-là votre serviteur lui avait demandé que, vu la situation désastreuse du football algérien, s'il n'était pas utile d'observer une halte pour tout remettre en question. Nous avions proposé de ne pas engager nos sélections dans les compétitions internationales, de lancer une opération de restructuration des clubs et de les aider à s'impliquer dans une politique de formation. Le réponse du ministre avait été nette: «Pas question de ne pas participer aux compétitions internationales. Notre football en souffrirait trop». Près de dix années plus tard, nos clubs sont toujours aussi déstructurés et n'ont aucune politique de formation. Résultat des comptes : nous n'avons pas de joueurs suffisamment formés et nos équipes nationales en font les frais. La restructuration des clubs et les moyens qu'il convient de leur donner pour se développer ne relèvent pas des prérogatives de la FAF mais de l'Etat conformément aux dispositions de toutes les lois sur le sport que l'on a eues de 1989 à nos jours. Ce que nous avions dit à M.Aïssaoui est archivé dans la presse de l'époque et ce que nous proposions ce n'était ni plus ni moins qu'une solution qui aurait été adoptée en toute souveraineté. C'était l'Algérie qui retirait ses sélections en toute souveraineté et non pas la FIFA qui les aurait empêchées de ne pas participer à des compétitions internationales. Aujourd'hui, le constat est fait que la FIFA a notre football dans le collimateur. La suspension de celui-ci n'est plus qu'une question de jours, sauf si la sagesse venait à l'emporter, à savoir reculer la date de mise en conformité des statuts de la FAF avec le nouveau décret sur le fédérations sportives. Une mesure somme toute réglementaire qui répond à l'une des dispositions dudit décret lequel, en son article 48, donne un an aux fédérations pour le faire. On a appris que M.Mohamed Raouraoua a reçu une lettre du ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, qui l'invite à une réunion ce dimanche. C'est là l'une des meilleures informations que nous ayons apprises depuis que cette histoire de FIFA a commencé. Dans une de ses correspondances au ministre, M.Raouraoua avait indiqué être disposé à apporter son aide pour qu'une solution soit trouvée à ce problème, étant entendu qu'il avait déjà donné une preuve de cette volonté d'aider en ne se portant pas candidat à l'élection de la FAF. Espérons que la réunion en question sera celle dans laquelle une issue à une sortie de crise sera trouvée dans l'intérêt du sport algérien et de son football.