Les voitures coûteront plus cher, et les Algériens désireux d'acquérir un moyen de locomotion privé, et synonyme d'une certaine autonomie dans les déplacements, sont déjà mis devant le fait accompli de la loi de finances complémentaire et de nouvelles mesures qui viendront manifestement toucher à leur portefeuille par la voie tout indiquée, et faussement indirecte, des concessionnaires, appelés à satisfaire à de nouvelles obligations en matières d'imposition. Or, sachant que les concessionnaires ont pour vocation principale, sinon pour seule vocation, d'être des commerçants qui vendent des produits et des prestations de services, et non des gens qui font des cadeaux quand ils ne peuvent pas en faire -donc des gens très soucieux de l'équilibre de leur entreprise-, on voit très mal la corporation converger cette fois-ci vers la solution de prendre en charge totalement, ou même une partie des droits de taxes qu'elle sera très prochainement dans l'obligation de payer. On n'a pratiquement jamais vu des constructeurs automobiles accepter de prendre à leur seule et unique charge la hausse des prix des matières premières ou encore l'envolée de l'euro dans le cas du marché algérien, et donc on voit très mal les représentants de ces constructeurs faillir subitement, comme par enchantement, aux mœurs commerciales et aller inventer une configuration inédite qui exonérerait une clientèle finale des taxes qui ont déjà été préalablement payées par ces mêmes représentants. Une clientèle dont le potentiel se trouve être situé au sein de la catégorie des salaires moyens dans un marché de prix, dominé explicitement par la fourchette des 600 000 à 800 000 dinars et qui, de surcroît, puise le gros de ses volumes dans les différentes formules crédit sans lesquelles ce même marché ne connaîtrait jamais la croissance à deux chiffres et au-delà de 35% qui le caractérise aujourd'hui, à l'image du tout frais bilan à l'actif du premier semestre 2008. Autrement dit, s'il y a une couche sociale qui risque de faire les frais des mesures introduites par la loi de finances complémentaire, c'est incontestablement la couche moyenne, en quête d'un véhicule non à valeur de luxe mais plutôt synonyme d'un semblant d'autonomie vis-à-vis des transports collectifs et de leurs tracas à tout bout de chemin vers le boulot, la maison ou une autre destination obligatoire. Une classe moyenne prise dans l'engrenage du rêve légitime d'une vie moyennement décente et du prix de ce rêve qui s'achète à coup et coût incommodants de crédit de voiture, de logement, d'immobilier et immobilier. Un crédit à vie. Jusqu'à la mort, et même au-delà de la mort. Cela dit, les nouvelles mesures à l'adresse des concessionnaires ne disent pas tout, ou ne disent encore pratiquement rien en matière de détails et d'éclaircissements nécessaires aux conclusions fiables. Ce qui pousse d'ailleurs l'Association des concessionnaires à se cantonner encore dans une position de réserve dans l'attente d'un plus d'informations en provenance des autorités ayant été à l'origine des nouvelles taxes. En attendant, les rasions invoquées par les autorités pour justifier leurs mesures lorsqu'elles évoquent un compte d'affectation spéciale au bénéfice des titres de transport public en commun, donne cette impression de mettre le client potentiel d'un concessionnaire devant une autre redevance qui ne dit pas son nom : celle qui le pousse à abandonner son projet d'acheter une voiture et de revenir au transport en commun, ou bien celle qui le met dans la contrainte d'acheter son véhicule tout en continuant à payer son ticket de transport en commun via les taxes qu'il verra s'ajouter à sa facture. Deux propositions, une même obligation : payer… A moins que les mesures décidées ne soient inscrites dans la même logique du nouveau décret relatif au commerce automobile dans l'objectif de réhabiliter les droits de la clientèle. L. I.