Citoyens à la recherche d'une voiture neuve et concessionnaires automobiles, à vos poches ! Le gouvernement de Ahmed Ouyahia a décidé, à la faveur de la loi de finances complémentaire 2008, adoptée la semaine dernière en Conseil des ministres, une série de mesures d'ordre fiscal en vue de contribuer au soutien des prix des transports publics en commun. Abderrahmane Raouia, directeur général des impôts (DGI), a livré lors d'un point de presse tenu hier au siège du ministère des Finances, les détails de ces mesures. La première concerne, selon lui, les concessionnaires automobiles désormais soumis au droit de timbre sur les transactions portant sur les véhicules neufs. Ce droit varie selon la cylindrée et sa carburation. Ainsi le citoyen payera-t-il une taxe de 50 000 DA à 100 000 DA pour un véhicule roulant à l'essence et entre 70 000 et 150 000 DA pour un véhicule diesel. La seconde mesure porte sur l'institution d'une redevance de 1% payable par les concessionnaires automobiles sur leurs chiffres d'affaires annuels. Pour M. Raouia, les produits générés par ces deux mesures seront logés dans un fonds d'affectation spécial pour soutenir les prix des transports publics en commun. Ces deux mesures sont déjà applicables depuis samedi dernier. Le DGI estime que ce fonds pourra récolter annuellement entre 6 à 7 milliards de dinars. Pourquoi ces décisions ? « Il va y avoir des moyens de transport public actuellement en cours de construction (tramway et métro, ndlr) qui coûteront plus cher et auquel cas le citoyen algérien ne pourra satisfaire. Il est tout à fait normal d'associer les citoyens dans ce sens », argue-t-il sans trop convaincre. Il faut dire que l'institution du fonds en question, en vertu d'un décret présidentiel, risque de susciter le courroux et des concessionnaires automobiles et des citoyens algériens désireux d'acquérir un véhicule neuf. Déjà soumis aux pires tracasseries administratives pour obtenir un hypothétique crédit automobile, voilà que le gouvernement de Ouyahia s'autorise à piocher dans la « tirelire » de l'Algérien lambda pour soutenir, entres autres, le ticket transport de projets de surcroît inachevés (tramway et métro). La tension est déjà dans l'air. L'Association des concessionnaires automobiles d'Algérie (AC2A), comptant une vingtaine de représentants de prestigieuses marques automobiles en Algérie, se prépare à la riposte. Selon nos sources, AC2A réunira ses membres au cours de cette semaine pour discuter des retombées de cette décision sur le marché national de l'automobile avant de tenir une conférence de presse, lundi prochain. Pour rappel, l'Algérie est actuellement le deuxième marché africain, derrière l'Afrique du Sud. Environ 151 194 véhicules ont été importés au cours du premier semestre de cette année, soit une hausse de 11,97% par rapport à la même période de 2007, où 135 032 véhicules sont entrés sur le marché national, selon les derniers chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), rattaché aux Douanes algériennes. La valeur totale des véhicules importés durant cette période a atteint 121,40 milliards de dinars, selon les données (CNIS) qui rappellent qu'une trentaine de concessionnaires activent sur le marché national.