Les cultures locales en vogue dans la wilaya de Tizi Ouzou sont aussi nombreuses qu'inutiles relativement à leur apport à un hypothétique tourisme culturel dont bénéficierait la wilaya. Elles sont nombreuses et très diverses, allant de la poterie de Maatkas au bijou d'argent d'Ath Yenni en passant par le tapis d'Ath Hichem (Aïn El Hammam) ainsi que d'autres activités avec un rôle indéniable si la politique touristique menée par les autorités publiques connaissait vraiment une efficacité sur le terrain. Il est vrai que, sur ce plan, la wilaya de Tizi Ouzou n'a pas grand-chose à envier aux autres wilayas du pays, puisque, partout en Algérie, on est loin de voir des touristes étrangers se bousculer chez les tours-opérateurs dans le but de passer des vacances dans notre pays. On doit donc se contenter des touristes locaux qui se trouvent rarement attirés par les aspects culturels des localités et wilayas visitées, à l'exception peut-être de l'art culinaire. Il est rare de voir des Algériens programmer des voyages de découverte, sillonner des sites archéologiques, visiter des musées, s'intéresser à la musique locale d'une région donnée. Mais il faut dire aussi que les autorités publiques ne font rien pour cultiver cette soif de la découverte qui, devant les multiples besoins, est reléguée au dernier plan. On se contente du peu qui vient en espérant voir un jour débarquer les touristes étrangers, habituels «consommateurs» des cultures locales. A défaut de touristes étrangers, grande source de devises, les Algériens, citoyens et pouvoirs publics, ont donc opté pour le touriste national grâce à qui les activités concernées sont tout juste maintenues en vie. C'est ainsi que la fabrication du bijou, de la poterie et du tapis, si on ne cite que ces articles, est devenue à la longue une activité purement commerciale, perdant petit à petit son cachet culturel. Les difficultés que les artisans rencontrent, notamment dans les hausses des prix de la matière première, ont réduit la bijouterie, la poterie et la tapisserie à de vulgaires activités informelles qui ne servent ni l'économie locale ni celle nationale. Les différentes mesures prises dans ce sens par le gouvernement, même insuffisantes, ont réussi à enclencher une dynamique parmi surtout les artisans qui ont fini par quitter le monde de l'informel pour la légalité. Les différentes éditions de la fête du bijou et celle du tapis ont donné un sacré coup de pouce aux activités, et le retour de la fête de la poterie cette année est un signe du retour à l'intérêt porté à cette activité culturelle susceptible, à l'instar du bijou et du tapis, de donner un coup de fouet à un développement économique qui se laisse toujours désirer dans une wilaya où le chômage bat tous les records. Près de vingt années après la dégringolade qu'a connue l'activité culturelle, sa renaissance tarde toujours à venir, malgré toutes les mesures prises dans ce sens et par les pouvoirs publics et par les artisans eux-mêmes. Décidément, la culture ne rime toujours pas avec le tourisme dans le pays comme dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment dans ses villes balnéaires, à l'instar de Tigzirt et Azeffoun, qui ont bénéficié, à l'occasion de la saison estivale de cette année, d'une opération de relookage et de réhabilitation qui n'a pas laissé indifférents les estivants. En réalité, le processus de renaissance de la culture et celui du tourisme n'ont pas le même rythme et c'est ce qui explique cette absence de concordance et de complémentarité entre les deux secteurs qui devront, un jour ou l'autre, s'amorcer avec les touristes nationaux résidents ou émigrés. La venue des touristes étrangers, grands pourvoyeurs en devises, ne dépend pas seulement des collectivités locales et ce sera une réalité le jour où la politique touristique prônée par les responsables de l'Etat sortira du monde des déclarations et des mots pour investir le terrain avec des actions concrètes. M. B.