Le gardien de but Mohamed Lamine Zemmamouche déclarait récemment sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale qu'il a de tout temps considéré que «Benchikha était un peu comme [son]… père». Benchikha est l'entraîneur de l'équipe nationale A'. Zemmamouche est un gardien de but qui surfe entre deux sélections nationales, non plus selon la forme qu'il afficherait ponctuellement mais plutôt en raison d'une humeur vagabonde et donc assez souvent massacrante, et dans la foulée de, celui (gardien) du Mouloudia club d'Alger.Khaled Lemouchia, le milieu défensif sétifien est un peu dans la même situation et considère pour sa part qu'il a eu lors du déplacement de l'EN A' en Lybie «…une discussion de fils à père avec Rabah Saadane». Ce qui, vraisemblablement, laisse croire à celui qui a été exclu de la sélection nationale pour indiscipline qu'il garde intactes ses chances de la retrouver pour peu qu'il se rachète une conduite.Ne voilà-t-il donc pas que le football national ou, du moins, sa vitrine, baigne dans le plus sirupeux des feuilletons… égyptiens à l'eau de rose. Des histoires à faire écraser discrètement une larme au coin de l'œil aux jeunes filles romantiques et le risque éventuel de propager la contagion jusqu'au plus hard des supporters qui commence à fonctionner à l'affectif un peu comme tout le monde ou du moins ceux qui font de la sélection nationale leur… fonds de commerce. Saadane aurait, sans prendre d'engagement définitif avec le joueur, laissé la porte ouverte à un éventuel rappel du joueur sétifien d'autant que Benchikha n'arrête pas d'en dire le plus grand bien et, à la limite, de lui reconnaître le fait qu'en Libye sans lui le reste de l'équipe ne valait presque rien. Voilà donc que le coach de l'EN A', trop rapidement intronisé comme faiseur de miracles, a accepté de relaver plus blanc un autre élément, en l'occurrence Chaouchi, afin d'assurer son retour en équipe nationale, avec notamment l'idée d'écourter sa suspension en le faisant évoluer, toujours, face à ces Libyens qui n'arrêtent pas de rendre service au football algérien en redonnant une virginité à ceux parmi ses éléments qui ont plus tendance à rouler les mécaniques qu'à respecter ses valeurs. Un match international comptant pour un match international et celui évoqué n'échappant pas à la règle, voilà qu'il aurait pu être possible pour le gardien sétifien de voir, et quelle satisfaction, la durée de sa suspension rognée et encore une fois dans la foulée ses réelles chances de garder, en Afrique du Sud, la rage algérienne face aux Anglais. Un scénario à couper le souffle aux émotifs, tenir en haleine les romantiques et surtout alimenter les gazettes jusqu'au premier match des Verts en Coupe du monde. La question de la discipline chez les joueurs se pose dans une grande partie des sélections nationales à travers le monde, mais toutefois dans celles qui sont le moins véritablement professionnelles pour ne pas dire les moins avancées en matière de valeurs olympiques. Malheureusement, la nôtre n'y échappe pas et cela serait mentir par omission en ne le concédant pas. Hélas, les dirigeants du football national, toutes responsabilités confondues, le public, les médias mettant en avant l'intérêt national là où il n'y a pas de raison à ce qu'il (l'intérêt) soit, fonctionnent à l'affectif, contribuant à une sorte de pantalonnade générale laquelle, vraisemblablement, aura a posteriori, une fois l'euphorie du Mondial passée, de lourdes conséquences pour le premier sport national, l'édifice que constituent les institutions qui le gèrent et les immenses espoirs de tout un peuple. Quoique les dommages soient plus importants au sein de l'EN elle-même, leur rejaillissement sur les clubs, l'attitude à venir des jeunes footballeurs en devenir. Le précédent causé par les atermoiements des premiers responsables de la sélection nationale servira sans nul doute de feuille de route à tous les opportunistes de la discipline et importe peu le rang auquel ils appartiendraient. L'Algérien a l'oubli facile mais aussi la rancune tenace. Les mêmes mésaventures ont eu lieu avant, pendant et après le Mondial mexicain de 1986. Et tout le monde feint de l'avoir oublié ou s'en lave les mains avec préméditation. Nul n'est en mesure de prédire où s'arrêtera le rêve algérien en Afrique du Sud ou où commencera son cauchemar, mais il est certain, à moins de faire preuve de cécité coupable, que pour bien des raisons, la sélection nationale n'est pas en mesure de passer le premier tour même si ses prochains adversaires, notamment leurs coaches, n'arrêtent pas de crier leurs craintes à la rencontrer. Le plus dramatique serait que les responsables nationaux soient, à l'issue de ce premier tour, les seuls comme toujours à trouver matière à bonifier la participation algérienne. A. L.