De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Le recours à l'amputation constitue un échec de la prise en charge du diabétique», estime un professeur en médecine au CHU de Constantine qui met l'accent sur «l'éducation particulière pour la prévention de la santé de son pied» chez un diabétique. En plus de la surveillance de la glycémie, le médecin doit accorder une attention particulière au pied du diabétique par un examen podologique et neuro-vasculaire et l'utilisation plus large des différents moyens d'exploration des axes vasculaires. Cet état on ne peut plus alarmant confirme d'une part les complications générées par cette maladie et de l'autre le manque d'une prise en charge adéquate se matérialisant par la prévention et la culture dispensée au sujet diabétique. En dépit des efforts consentis par l'Etat et, à un degré moindre, par l'ensemble des associations actives, en raison de leur potentiel limité, l'insuffisance persiste. L'hôpital ne dispose pas de tous les moyens de diagnostic pour prendre en charge, comme il se doit, un sujet admis. A titre d'exemple, pour espérer une exploration radiologique approfondie, il faut attendre plusieurs jours, sinon opter pour un établissement de santé privé. «Mon épouse est actuellement hospitalisée pour une complication. On lui a demandé de procéder à des analyses. Malheureusement, ces tests ne sont pas assurés à l'hôpital», s'inquiète son mari, muni de la prescription et frappant aux portes des laboratoires d'analyses privés. «Je suis obligé de me rendre à Batna où l'on dit pratiquer ce type de tests», espère-t-il. Un autre cas pour le moins critique. Un patient, dont le pied est infecté, s'est vu renvoyer chez lui avec une prescription d'antibiotiques… banale au lieu d'être hospitalisé, après avoir été examiné par un spécialiste, au motif que son médecin traitant habituel était en mission. Comme si l'urgence devait patienter… Ce qui lui a valu quelques jours plus tard l'amputation d'un membre inférieur. «Le médecin aurait pu me garder pour suivre de près l'évolution de mon infection…», dira le patient en poussant un grand ouf de soulagement, sans plus, sur le raisonnement et la démarche de ce médecin. Ces exemples illustrent en partie la situation de la prise en charge de cette maladie aux conséquences irréversibles. Quand la maladie est déclarée, le médecin se doit de préserver les organes vitaux qui peuvent être touchés (cœur, rein, yeux,…). Cela nécessiterait une prise en charge conséquente et un suivi rigoureux sous peine de faire payer un lourd tribut au malade. «Les complications du diabète sont difficiles à gérer», reconnaît un interniste. C'est pourquoi «la prévention et l'éducation accrues prodiguées au diabétique sont plus que nécessaires en vue de lui éviter la fatidique solution de l'amputation des membres inférieurs», insistera-t-il. En matière de soins, en plus du CHU Ben Badis, qui s'occupe tant bien que mal des cas jugés «graves» et ce, relativement aux moyens dégagés, dont le plateau technique, l'hôpital du jour, appelé communément «maison du diabétique», situé au quartier Bellevue, prend en charge les malades de la rive ouest de la circonscription, dont Boussouf et le centre-ville. Toutefois, cette structure s'avère désormais insuffisante pour accueillir tous les malades en dépit de l'ouverture d'une autre salle à Boumerzoug. Cela est justifié, selon les responsables de la santé, par le fait qu'«il est des patients qui se sont habitués à se soigner au niveau de Bellevue». Un état tout à fait normal, car le malade tisse des liens de confiance avec ses médecins traitants. Toutefois, cette situation n'est pas sans conséquence sur le rendement de cette structure débordée mais allégée depuis l'ouverture de la polyclinique à Boumerzoug. Ce sont plus de 200 malades qui défilent quotidiennement dans cette structure. Et le nombre des nouveaux avoisine en moyenne 20 patients par mois. Un bilan assez lourd. Il faut savoir que le recensement établi récemment par le secteur de la santé fait état de plus de 15 000 personnes diabétiques à Constantine. La proportion est encore grande. Ce qui revient à dire, et c'est l'avis de la corporation médicale, que la prévention doit jouer son rôle, important du reste, pour permettre à ces malades de vivre sans complication.