Photo : APS De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali La création d'une agence méditerranéenne des villes durables, l'institution d'un schéma d'aménagement côtier méditerranéen et la mise en place d'un réseau méditerranéen de musées marins sont les principales propositions que l'Algérie a émises hier à Oran, lors de la 1re conférence des 5+5 sur l'environnement et les énergies renouvelables. «L'avenir de la Méditerranée […] dépend essentiellement de notre courage d'aller assez loin, de notre volonté de donner des signaux concrets à nos opinions et des politiques qui seront menées», a plaidé Cherif Rahmani, ministre algérien de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, dans son intervention devant ses homologues des pays du bassin occidental de la Méditerranée.Auparavant, il avait brossé un tableau peu reluisant de l'environnement de cette mer Méditerranéenne dont les dimensions se sont réduites sous la poussée de la démographie (dans 25 ans, la population de la région devrait atteindre 524 millions) et de l'urbanisation : «Les conséquences de la dégradation de l'environnement sont nombreuses dans ces pays [du Sud, ndlr] : la gestion des déchets ménagers reste une préoccupation majeure des collectivités locales insuffisamment équipées et encadrées, la pollution atmosphérique urbaine s'accroît, la pollution industrielle reste problématique […]», d'où la nécessité de se concerter sur de véritables politiques de villes durables, et de mettre à profit l'expérience des pays du Nord dans la gestion des villes (planification croisée des villes et des transports, renouvellement des tissus urbains…).Parmi les solutions envisagées par le ministre pour desserrer l'étau de la littoralisation étouffante induite par l'augmentation du flux touristique (aujourd'hui, 150 millions de touristes se rendent sur le littoral méditerranéen), le report d'une partie des activités de l'urbanisation et du tourisme balnéaire dans les arrière-pays et des coupures vertes, agricoles et boisées.Cherif Rahmani évoquera également la nécessaire préservation de la biodiversité, la protection des écosystèmes, la lutte contre la désertification, la rationalisation de la consommation de l'eau… comme autant d'axes de travail à investir dans la lutte pour la préservation d'une écorégion identifiée par les experts comme «l'une des régions du monde où le changement climatique est susceptible de marquer le plus l'environnement et les activités humaines», notamment par une hausse de la température pouvant aggraver la mortalité liée aux maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, l'accentuation du stress hydrique dans les pays du Sud et le risque de réorientation des flux touristiques vers un Nord à la chaleur plus clémente.Aussi l'Algérie propose-t-elle à ses partenaires trois pistes de coopération : l'amélioration des connaissances des modèles par la création d'un observatoire de la Méditerranée et du développement durable de la Méditerranée (Oran proposant un jardin méditerranéen de 40 ha pour accueillir ses activités), l'élaboration et l'harmonisation des plans climats des différents pays et la mise en place d'un cadre de concertation informel sur le climat entre les pays méditerranéens.