Dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine (18 avril-18 mai), l'Etablissement Arts et Culture a organisé lundi dernier, à la médiathèque jeunesse de Didouche Mourad dans l'espace hebdomadaire «les rencontres du lundi», une conférence de presse animée par Mohamed Cherif Ghebalou, professeur à l'université d'Alger, journaliste et écrivain. La thématique abordée dans la conférence est l'importance du legs civilisationnel de la région du Tassili qui se situe dans le Grand Sud algérien, remontant à plusieurs milliers d'années avant notre ère. A ce sujet, il a abordé plusieurs aspects culturels et géographiques qui soutiennent l'importance de ce patrimoine national aux dimensions universelles. Le conférencier a souligné que l'Algérie, grâce au Tassili, possède le plus grand musée naturel au monde, classé par l'Unesco, sur un plateau de plusieurs milliers de mètre carrés qui compte près de trente mille fresques d'art rupestre, des dessins considérés par les spécialistes comme l'une des premières références artistiques de l'être humain. Il a précisé que la plus grande fresque d'art rupestre découverte dans le monde se trouve dans le Tassili. Il s'agit en l'occurrence d'un troupeau de six girafes. Il a ajouté qu'en plus des dessins rupestres les archéologues ont découvert au Tassili les plus anciennes poteries au monde. Grâce à elles, on a pu déterminer la présence d'une civilisation remontant à environ 11 000 ans. Concernant le théâtre, dont les Occidentaux estime la naissance avec la tragédie grecque, le conférencier a cité un chercheur suédois qui affirme que les premières expressions scéniques de l'être humain se trouvent dans les dessins du Tassili qui sont de véritables tableaux théâtraux de la vie quotidienne. Le professeur à la faculté d'Alger a également abordé un autre aspect de civilisation qui est l'écriture. Il a déclaré à ce propos que les récentes recherches en linguistique et d'autres disciplines scientifiques ont démontré que l'écriture «tifinagh» dont les caractères, gravés sur la pierre de gauche à droite, ont été découverts sur plusieurs sites dans le Tassili, est plus ancienne que l'écriture latine d'origine indo-européenne. Une autre étude tente même de démontrer que l'écriture latine a puisé dans l'écriture de l'antique civilisation du Tassili. A propos de l'importance de la dimension géographique du Tassili, Mohamed Ghebalou a souligné qu'au-delà de la beauté des paysages rapportée par les explorateurs et les touristes du monde entier qui soutiennent que «le plus beau coucher du soleil du monde se trouve sur le mont Tahat qui culmine à plus de trois mille mètres d'altitude dans la région de Tamanrasset», l'Algérie possède au Tassili un site naturel unique au monde. Pour illustrer ces propos, le conférencier montre à l'assistance les photos du livre 50 ans de Sahara du célèbre explorateur français Roger Frison-Roche. Il citer un passage de l'ouvrage où il est écrit qu'«au Tassili se trouve l'endroit le plus mystérieux du monde, fascinant par ses paysages lunaires». Le conférencier a également mis en exergue l'importance géostratégique de la région qui permet à l'Algérie de disposer de la plus grande réserve d'eau au monde, grâce à une nappe phréatique d'une importante dimension, qui n'existe nulle part ailleurs. En conclusion, le conférencier a soulevé l'importance de protéger, de promouvoir et de transmettre le legs civilisationnel et géographique du Tassili auprès des jeunes générations qui sont les héritiers d'un patrimoine faisant partie intégrante de la fondation des civilisations modernes et ayant largement contribué à l'évolution humaine. S. A.