Correspondance particulière de Paris Hakim Hadidi Selon la presse de l'Hexagone, le film n'est pas «encore projeté mais déjà contesté». Hors-la-loi est déjà attaqué sur ses fondements historiques. La fronde est menée par le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionel Luca, qui -avant même d'avoir vu le film– dénonce une «falsification» de l'histoire, en référence au passage évoquant le massacre de Sétif, en Algérie, en mai 1945. «Bouchareb est un partisan […], un irresponsable qui met le feu aux poudres de manière insupportable», a déclaré le député des Alpes-Maritimes. «Autant Indigènes était dans un esprit positif de réhabilitation, autant celui-ci est dans un esprit négatif et négationniste. Ça ne va pas se passer comme ça», a-t-il menacé. Rappelons aussi que le film Hors-la-loi, produit avec des fonds algériens (25%), français et belges, «raconte le parcours de trois frères qui, après avoir survécu aux massacres de Sétif, partent pour la France et s'engagent pour l'indépendance de l'Algérie. Le 8 mai 1945, entre plusieurs milliers et plusieurs dizaines de milliers d'Algériens sont tués. Cette répression faisait suite à des manifestations pro-indépendantistes d'Algériens qui avaient dégénéré et fait plus de cent morts parmi les Européens». La polémique enfle avec la crainte que Hors-la-loi ne soit sélectionné sous les couleurs françaises à Cannes, ce qui a incité le député Lionel Luca à saisir, dans le courant de 2009, le «secrétaire d'État à la Défense et aux Anciens combattants, Hubert Falco. Ce dernier avait alors demandé au service historique du ministère de la Défense (SHD) d'émettre un «avis historique» sur le projet de Rachid Bouchareb». Ainsi, après «un examen attentif du scénario, le général de division Gilles Robert, chef du service historique de la Défense, a rendu son rapport en septembre. Il y relève des erreurs et anachronismes […] si nombreux et si grossiers qu'ils peuvent être relevés par tout historien», apprend-on. Il indique ainsi que «le réalisateur veut faire croire au spectateur que, le 8 mai 1945 à Sétif, des musulmans ont été massacrés aveuglément par des Européens. Or, ce jour-là, c'est le contraire qui s'est produit. […]. Cette version des faits est admise par tous les historiens […]. C'est en réaction au massacre d'Européens, que ceux-ci ont agi contre des musulmans». Par ailleurs, le député français accuse le réalisateur de «falsification» de l'histoire. Il a déclaré : «Mon intention n'est pas de contester que les Français aient commis un acte condamnable. Mais la veille, ils avaient été tirés comme des lapins !» Lionel Luca accuse également Rachid Bouchareb de faire des «porteurs de valises» des «héros». Lionel Luca a estimé que les sympathisants du FLN chargé du transport de fonds et de documents confidentiels à l'intérieur de la métropole sont des «traîtres». Le Front national n'a pas tardé à rejoindre les positions de l'UMP et a pris le relais en appelant à l'organisation d'une manifestation à Cannes pour s'opposer à la programmation du film.