Correspondance particulière de Paris Hakim Hadidi Rien ne va sur la Croisette à propos du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb qui revient sur les massacres, le 8 mai 1945 à Sétif, de manifestants pacifistes algériens par l'armée coloniale et les milices françaises, massacres qui ont contribué au déclenchement de l'insurrection indépendantiste en Algérie. Le film, en compétition à la 63e édition du Festival international du film de Cannes, a suscité une véritable levée de boucliers depuis sa sélection. La dernière action de contestation contre Hors-la-loi, qui sera projeté vendredi prochain à 10h30, est prévue en marge de la projection du film, largement financé par la France. «Un dépôt de gerbesexceptionnel sera organisé devant le monument aux morts de l'hôtel de ville de Cannes. Il aura lieu en présence de Bernard Brochand, maire de Cannes, de Lionel Luca, qui dénonce depuis plusieurs semaines la “vision hémiplégique de l'histoire” véhiculée par le cinéaste, et probablement de nombreux pieds-noirs répondant à l'appel de leurs associations, très remontées contre ce qu'elles estiment être une provocation», annoncent les organisateurs de la contestation. «Notre problématique est le respect de l'ordre public», déclare David Lisnard, premier adjoint au maire et président du palais des Festivals, selon l'hebdomadaire le Point. Le magazine ajoute qu'«à l'occasion d'un débat qui naît naturellement d'une œuvre artistique, mais qui renvoie à une période douloureuse pour certains, il nous a semblé normal que les victimes européennes de Sétif ne soient pas oubliées et qu'on apaise ainsi les consciences». Depuis l'annonce de la sélection sous le pavillon algérien du film Hors-la-loi, dont quelques minutes sont consacrées aux émeutes du 8 mai 1945 à Sétif, de nombreux e-mails émanant de pieds-noirs sont parvenus à la mairie de Cannes. Rappelons que, selon le député UMP Lionel Luca, «cette séquence du film ne présenterait que les massacres d'Arabes par l'armée française et non les massacres d'Européens par les Arabes. Un tel dépôt de gerbes est une première dans l'histoire du Festival de Cannes».