Synthèse de Moumene Belghoul Les Grecs ont défilé hier à Athènes et Salonique à l'occasion du 1er Mai pour dénoncer les «sacrifices» et le plan draconien exigé par le FMI et l'UE en échange du sauvetage financier du pays. Des affrontements entre jeunes et forces antiémeute ont marqué ces défilés dans la capitale grecque Athènes. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Elle a chiffré à quelque 10 000 les partisans du front syndical communiste (PAME), et à 5 000 les manifestants réunis sous la bannière des deux grandes centrales syndicales du privé (GSEE) et du public (Adedy). Les Grecs, contraints à une thérapie de choc, risquent de perdre patience face à l'ampleur des nouveaux sacrifices que leur demandent l'Union européenne et le FMI. La résignation semble plutôt l'emporter jusqu'à présent selon les observateurs. Les derniers sondages rendent compte de cette volatilité de l'opinion, avec, selon les instituts, une majorité prête à descendre dans la rue ou au contraire critique envers les syndicats, désavouant la politique gouvernementale ou la jugeant à l'inverse à même de faire progresser le pays. Une alternative claire est loin d'être de mise et l'équipe dirigeante actuelle est soumise à un choix cornélien. Le gouvernement devra convaincre de l'efficacité du traitement proposé pour sauver le pays. Le parti socialiste (Pasok) au pouvoir conserve son avance dans l'opinion. Cependant, les élections régionales de l'automne risquent de traduire une montée des formations protestataires qui surfent déjà sur les effets de la crise. En face, la cohésion de la majorité craquelle. Une quinzaine de cadres du Pasok accusent clairement l'équipe dirigeante d'avoir, par ses hésitations, imposé un recours aux «fourches caudines» du FMI. Pour les protestataires, ce scénario «infernal» aurait pu être évité.