De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Sur les 130 000 hectares arables dans la wilaya de Constantine, plus de 40 000 sont mis au repos annuellement, générant ainsi une baisse des rendements agricoles. C'est là un chiffre officiel. Mais il est contesté par quelques agriculteurs qui estiment que la jachère ne doit pas excéder les 25 000 hectares étant donné que 80% des exploitants disposent de moins de 20 hectares et qu'ils ne peuvent les laisser tous en friche. Toutefois, on s'accorde à dire que l'agriculture dans cette wilaya affiche un bon taux de résorption de la jachère si l'on considère le pourcentage initial avec lequel la wilaya avait entamé ce processus il y a plus de trois ans.Sur un autre plan, le récent avant-projet de loi sur les concessions agricoles attribuées aux exploitations agricoles collectives (EAC) ou individuelles (EAI) promet une utilisation sans perte des sols. «Ce n'est qu'un avant-projet pour l'heure. Mais il est attendu, avec l'application du décret, une exploitation totale des terres agricoles laissées en jachère. La régulation des concessions devrait donner un autre façonnage aux sols», ambitionne un cadre à la Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Constantine. En effet, la suppression de la mise en jachère des terres agricoles constitue un axe majeur dans la politique de développement agricole et rural. C'est une priorité qui devrait être concrétisée progressivement jusqu'à l'exploitation totale de toutes les terres agricoles laissées en friche. Cela profiterait aux légumes secs, aux cultures fourragères, au colza et autres aliments de bétail.Dans ce contexte, la wilaya de Constantine s'est fixé comme objectif la réduction à néant de ses terres mises au repos annuellement. D'ici à 2014, il n'y aura plus de jachère, affirme-t-on. Mais ce n'est là que le programme établi. Et entre la théorie et la réalité du terrain, beaucoup de facteurs entrent en jeu, dont les conditions climatiques et la nature du sol, deux paramètres dont les effets et les influences sur les rendements sont indéniables.Par ailleurs, des techniciens en agriculture soulignent que «si l'on veut résorber d'une manière optimale les terres en jachère, il faut que les semences soient disponibles à longueur d'année pour assurer la diversification des cultures. Or, ce n'est pas le cas pour le moment». Ainsi l'intéressement des opérateurs en amont et en aval apparaît-il comme un autre paramètre à prendre en considération pour résorber la jachère. Il est aussi question de mener un travail de vulgarisation en direction des agriculteurs pour leur faire découvrir et leur expliquer les nouvelles techniques de culture. A ce titre, la Chambre d'agriculture de Constantine (CAC) projette d'organiser des journées de sensibilisation le 11 mai prochain sur ce thème. Des experts et des ingénieurs devront rencontrer les agriculteurs pour débattre avec eux de l'utilisation de la friche.On apprend que 20 agriculteurs seulement exploitent leurs terres en recourant à la rotation des cultures. Ils couvrent une superficie avoisinant 2 432 hectares destinés aux lentilles alors que le colza, qui est dans sa phase expérimentale, couvre 12 hectares. «Ces agriculteurs ont acquis une performance exceptionnelle. Ils croient vraiment aux itinéraires techniques de la terre. Maintenant, il reste à persuader les autres d'en faire autant», disent les techniciens que nous avons rencontrés à la CAC. Concernant la culture du colza, le président de la Chambre d'agriculture dira qu'il faut que «les opérateurs économiques nationaux s'y mettent», mais les agriculteurs aussi pour assurer de bons rendements. Cet agriculteur parle en connaissance de cause. Il avait proposé dans un passé récent sa modeste récolte au groupe Cevital. Mais les négociations n'ont pas abouti pour diverses raisons, principalement la quantité insuffisante. Par ailleurs, des vétérinaires plaident pour l'exploitation des terres en vue de résorber le déficit de 8 milliards d'unités fourragères à l'échelle nationale. Ce manque influe négativement sur la production laitière, estime un vétérinaire.S'agissant des chiffres, la wilaya de Constantine laboure plus de 65 000 hectares, dont 4 000 grignotés à la jachère. «Il nous faut mener un véritable travail de vulgarisation et de sensibilisation pour honorer nos engagements», concluent la DSA et la CAC.