De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi A quelques semaines de l'ouverture de la saison estivale, Constantine, la capitale de l'Est algérien, envoie à nouveau son habituel décor qui fait fuir les estivants. Point d'espaces pour se détendre et apprécier une halte délicieuse, encore moins de loisirs pour occuper les parents et leurs enfants au terme d'une scolarité chaotique et perturbée. Le discours local et les promesses faites à longueur d'année n'auront pas encore porté leurs fruits quant à la concrétisation des aménagements et programmes destinés à encourager le tourisme régional. Au printemps, Constantine ouvre ses bras et sa périphérie luxuriante avec les premières hausses de température. Mais le rush des résidents s'estompera généralement lorsque le mercure grimpera davantage. Avec l'arrivée des grandes chaleurs, les familles cherchent, qui une plaine, qui un petit bois, un verdoyant vallon ou une plage pas trop sale ni trop éloignée (ce qui est souvent une gageure) où elles pourraient de détendre. Souvent, c'est la ruée vers les plages limitrophes qui l'emporte. La mer est la destination privilégiée pour une population vivant dans une ville cloîtrée, sans aucune ouverture sur la grande bleue, surtout depuis ces dernières années, avec l'amélioration de la situation sécuritaire. Les habitants de la ville des Ponts ont renoué avec les anciennes habitudes, les week-ends, voire les vacances en mer. Pour ceux qui n'ont pas les moyens de se payer des plaisirs balnéaires, il ne leur reste qu'à perpétuer la traditionnelle hospitalité et accueillir des amis ou de la famille pour leur faire découvrir la cité millénaire. Et puis… plus rien. La cause est que les pouvoirs publics ne sont toujours pas parvenus à asseoir une véritable politique en la matière. Les promesses faites par les élus comme par les autorités publiques sont restées lettre morte. Que de fois n'a-t-on promis un essor à la distraction locale ? En vain. Pas le moindre parc, point de piscine à la dimension d'une wilaya. Quant aux initiatives privées, elles demeurent bien insuffisantes pour satisfaire la demande, des différentes bourses. Aucun projet en ce sens n'a vu le jour. Pourtant, sur papier, ce ne sont pas les concessions et les projets qui manquent. Dans ce contexte, on évoquera le parc de Djebel El Ouahch, la seule bouffée d'oxygène des Constantinois, qui bat de l'aile au motif que l'opérateur qui l'a pris en concession n'a pas bénéficié d'un soutien financier. Cette situation de jachère n'est évidemment pas faite pour améliorer le cadre de vie des citoyens. La réouverture du site est ainsi renvoyée aux calendes grecques. La commune propriétaire du lieu, ne daigne pas activer la procédure, à croire que la ville dispose d'une palette de substituts. «Franchement, on a fini par s'interroger sur les ralentissements tous azimuts auxquels la ville est conffrontée. Qu'est-ce qui marche exactement à Constantine ? Ou plus précisément pourquoi tous les projets y sont à la traîne ?» demandera un habitant de Constantine. Abondant dans le ce sens, un autre indiquera qu'il suffit de regarder alentour pour se convaincre que le problème réside dans la gestion de la ville. Il en voudra pour exemple les efforts entrepris et les projets relatifs aux loisirs réalisés dans d'autres wilayas comme Sétif et Batna, qui disposent de parcs opérationnels et très fréquentés. Il n'en est rien dans la capitale de l'Est qui ne s'en sort pas en évoquant à chaque fois l'alibi des priorités. «Nous sommes en plein chantier», dit-on. «Il y a des années qu'on nous ressasse la même chose. C'est vraiment honteux et inadmissible pour une région si importante qui voit ses espaces se dégrader sans qu'on entreprenne quoi que ce soit rien pour les aménager. Il faut revoir la politique touristique. On se demande si l'office en charge du secteur en sait quelque chose sur cette tâche qui lui incombe», fulmine un autre jeune qui, à quelques jours des grandes vacances scolaires, pense déjà à comment meubler son temps de repos. Il est vrai qu'il faut chercher longtemps des perspectives, des idées ou des projets qui auraient germé lors d'une de ces rencontres dédiées au développement touristique dans la région du Constantinois. Panne d'idées ou mauvaise compréhension des besoins et des défis. Mais le fait est que Constantine n'est pas au diapason des métropoles touristiques et elle n'offre que des «succédanés» de loisirs comme la place la Brèche pour prendre l'air et déguster des brochettes au Khroub… C'est le programme qui est proposé à la population en période estivale. «Le Mondial sud-africain comblera un tantinet notre oisiveté estivale. C'est déjà un acquis, notamment avec la participation de notre équipe nationale de football. Ensuite, on verra bien. De toute façon, on a pris l'habitude. On se débrouille comme on peut pour tuer l'ennui constantinois en ces périodes chaudes», commente un jeune étudiant. En effet, pour l'heure, tous les débats tournent autour de la participation des Verts au Mondial. La réflexion sur la saison estivale est reléguée momentanément au second plan. De toute façon, on ne peut se permettre un tourisme local si les structures et les mesures d'accompagnements ne sont pas assurées. «Il est facile de dire que la capitale de l'Est renferme autant d'atouts attractifs exploitables durant les quatre saisons. Toutefois, il faut se rendre à l'évidence. La ville souffre du manque d'infrastructures d'accueil pour promouvoir son tourisme, appâter les visiteurs et les convaincre d'y séjourner plus que prévu», notera, avec juste raison, un citoyen. Cet avis est d'ailleurs partagé par les visiteurs de Constantine qui ne manquent par de critiquer la stratégie adoptée par les responsables chargés du tourisme. Certains diront même qu'il n'y a, en fait, aucune stratégie et estiment que les initiatives pour booster le secteur sont au point mort. Ainsi, Constantine continue à s'animer au printemps et à se morfondre en été… La petite bouffée d'oxygène viendra, encore une fois, avec les autobus et les trains… destination : la plage, dans le cadre du traditionnel «plan bleu».