De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi En période estivale, la ville des Ponts souffre énormément de son aridité aquatique. Point d'espaces suffisants pour rafraîchir toute la population, du moins celle qui ne peut se permettre la grande azuréenne. La réouverture de la piscine de Sidi M'cid, en juillet dernier, a redonné une bouffée de fraîcheur aux jeunes mais ne résout malheureusement qu'une infime partie de la demande des mordus de la brasse, dès lors que le bassin olympique de 50 mètres bute sur le problème d'alimentation en eau. Mieux que rien, comme dirait l'autre, d'autant que cet espace était fermé depuis plus de 4 ans après un premier essai avec un investisseur local qui n'avait pu arriver au terme de son contrat en raison de la complexité du remplissage du bassin… Du moins pour cette nouvelle tentative de location d'une durée de 10 ans au profit d'un privé, moyennant 20 millions de centimes par mois, les articles consignés dans le contrat restent clairs, notamment en ce qui concerne la prise en charge du volet hygiène. Cependant, l'APC, propriétaire des lieux, a apporté sa contribution, matérialisée par l'octroi de 120 millions de centimes pour faciliter, entre autres, la réhabilitation du site, à l'abandon depuis ces dernières années et le louer à des conditions avantageuses. En matière de distraction, il faut avouer, sans ambages, et c'est un secret de Polichinelle, que la capitale de l'Est accuse un grand retard à développer, voire ériger d'autres espaces permanents. C'est le point noir à Constantine en été surtout. Il existe de petites piscines privées, éparpillées au niveau des communes d'Aïn Smara et d'Oued Hamimine (Khroub), néanmoins, leur capacité d'accueil ne peut absorber qu'une infime partie du grand rush de cette saison hautement caniculaire. Les yeux des Constantinois restent fixés sur les promesses émises par les pouvoirs publics quant à la réalisation d'un grand complexe aquatique. Pour l'heure, il n'en est rien, seul le papier maquette mène les débats, en dépit de l'existence de l'assiette qui abritera ce mégaprojet. La lenteur dans l'exécution des projets à Constantine est à chaque fois soulevée par les citoyens, qui ne comprennent pas ce qui freine les chantiers, surtout si l'on sait, à titre d'exemple, qu'à Batna précisément il existe un aquaparc, réalisé par un opérateur privé, qui draine depuis le mois de juin dernier des centaines de visiteurs venus des régions avoisinantes, y compris de Constantine. Certes, l'entrée n'est pas cédée à des prix raisonnables, mais il n'empêche que les Aurès ne sont pas privés d'un tel espace de détente jouxtant un parc d'attractions où enfants et adultes se côtoient pour s'essayer à différents jeux. Alors qu'à Constantine, la belle forêt de djebel Ouahch, fort convoitée au printemps, a été dénaturée par le béton et s'invite en vain auprès d'un repreneur pour qu'il lui rende sa joie vivante d'antan. Ce manque de distractions pousse incontestablement les ménages à opter pour une première solution : la formule «week-end à la plage». Pour cela, ce sont les villes de Skikda, Jijel et Collo qui font le plein chaque vendredi. Qui par taxi, qui par bus, chaque Constantinois apprivoise le moyen de transport qui le mène au bord de la mer. La ville pétrochimique demeure la plus prisée. La plage baptisée Larbi Ben M'hidi accueille un flux ininterrompu de Constantinois. En fait, les Skikdis ont compris le choix et les goûts des Constantinois qui ne font que perpétuer la tradition de ce périple. A cet effet, la plage a été répartie en lots et mise en location à des jeunes qui y ont implanté des tables et parasols loués entre 600 et 800 dinars. Ce sont les familles qui sollicitent ces espaces pseudo privés pour échapper au jeu angoissant du ballon à proximité de l'intimité des estivants. Seul désagrément, les décibels émis par les disc-jockeys attaquent souvent les oreilles de personnes adeptes du son pur des vagues. Aussi, il ne faut pas oublier de débourser les 50 DA du parking. La proximité de cette ville côtière, à moins de 80 km de Constantine, donne toutefois le tournis aux voyageurs, notamment les vendredis où les bouchons, au retour des plages, sont interminables. Ainsi, des conducteurs indisciplinés parfois sur quatre positions, mettant de ce fait en danger les chauffeurs tranquilles. Cela se produit chaque vendredi aux alentours de la commune Zighoud Youcef, à une poignée de kilomètres d'un barrage permanent de la Gendarmerie nationale. «Il faut que les conducteurs qui ne respectent pas le code de conduite automobile soient verbalisés. Pour ce faire, il importe aux éléments de la gendarmerie de parcourir cette distance à moto pour les surprendre en flagrant délit…» avance un adepte de ce circuit du week-end. La wilaya de Jijel constitue l'autre destination des Constantinois. Pour deux raisons : profiter des bienfaits de la mer et déguster les brochettes de Hammam Beni Haroun, à proximité du grand barrage qui porte le même nom. Là, c'est un autre type d'embouteillages et de calvaire qu'endurent les automobilistes. C'est dire que la formule week-end n'arrange pas pour autant les familles dont les pères sont encore au travail. Mais ils font contre mauvaise fortune bon cœur, ce qui les oblige à emmener leur progéniture à la mer à n'importe quel prix, en attendant de trouver une location ou la période des congés. Pour ce faire, la chose n'est pas encore de tout repos car la région accuse également un grand déficit en infrastructures d'accueil. Il faut faire preuve de perspicacité pour trouver une opportunité de location, que ce soit à Skikda ou à Jijel, des villes côtières où les hôtels sont en nombre insuffisant. Pour les bourses moyennes, le recours à la location de maisonnette en phase de construction reste le seul moyen. Contrairement aux autres ménages, plus ou moins aisés, qui optent pour le pays voisin, la Tunisie, où toutes les commodités dans le secteur touristique sont proposées aux vacanciers. «Un séjour en Tunisie me revient moins cher qu'en Algérie», avoue un père de famille. « Le seul casse-tête réside aux postes frontaliers où l'attente est longue avec des files interminables de voitures», dira-t-il. A ce sujet, on se rappelle que le consul de Tunisie à Annaba avait promis, au printemps dernier, lors de son passage à Constantine, l'allègement des formalités de passage aux frontières des touristes algériens. En fait, le rush semble avoir dépassé les efforts déployés… S'agissant des jeunes, particulièrement les lycéens et autres étudiants, un été passé à Constantine s'apparente à une sanction imposée. Car l'existence d'une ou deux piscines aux normes appelle incontestablement les pouvoirs publics à revoir toute leur stratégie touristique dans un vaste champ. Constantine somnole, en été ou en basse saison, lorsqu'on évoque le tourisme.