De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Quel désagrément de résider dans une ville sans la grande bleue et de surcroît démunie en espaces de baignade ! Constantine au site magnifique est pourtant cette mystérieuse ville qui se métamorphose en cité rebuffade d'été. Non pas pour «se délester» provisoirement du passage incessant des voyageurs qui la surchargent en d'autres saisons, mais parce qu'elle est faite ainsi… C'est son profil. Un dessin qui départage ses deux sphères sociales. Si l'une bien nantie profite de la mue de la cité millénaire pour sentir l'iode, l'autre se démène pour casser cette monotonie chaude de la saison… Se permettre une journée à la grande plage requiert une dépense significative pour les ménages à moyen et surtout à faible revenus. Transport, restauration et autres frais de réserves inhérentes à l'expédition. Que dire alors d'un séjour passé en différentes résidences aménagées pour la circonstance dans les rares points d'accueil étalés à travers les villes côtières limitrophes de Constantine, où toutes les commodités ne semblent pas rimer avec les prix. De nos jours, les vacances prennent des ailes ! A ce sujet, cette région de l'est du pays n'est pas vraiment gâtée. Elle souffre à chaque saison estivale du manque infrastructurel, poussant ainsi les familles à opter pour d'autres formules en vue de rendre le sourire à leur progéniture. La cause est qu'on n'est pas vraiment investi dans le domaine touristique pour rentabiliser comme il se doit la beauté du littoral. Pour cela, il faudra se rendre à Jijel pour s'apercevoir de ce déficit. Pourtant, la nature a doté cette circonscription d'un magnifique paysage et d'une longueur littorale impressionnante. D'ailleurs, c'est le lieu de prédilection de la majorité des Constantinois qui sollicitent en basse saison basse des propriétaires de maisons pour une éventuelle location. Cela revient moins cher et de surcroît permet aux ménages «conservateurs» de se baigner loin des yeux indiscrets, estime-t-on dans certains milieux. Les plages souvent sollicitées se situent à Sidi Abdelaziz, à quelques kilomètres du chef-lieu d'El Aouana. Il est des propriétaires qui ont investi dans ce sens soit pour achever leur construction, soit pour arrondir leurs fins de mois. «On peut se procurer une maison à 1 500 DA la journée, certes, ce n'est pas le haut standing des hôtels, mais on dispose de l'essentiel en matière d'eau, d'électricité, etc. et en plus, ce n'est pas trop loin de la mer. Une chose qui écarte le problème du transport quand on n'est pas véhiculé pour y emmener les enfants», confie un père de famille. Sur l'autre rive, à Collo, une mère et ses enfants venaient de boucler leur séjour. Le même principe de résidence étant appliqué. C'est-à-dire opter pour la location de maisons. «Nous sommes des clients pour le propriétaire depuis quelques années. Donc, il nous cède la maison toute proche de la mer, à un prix assez raisonnable et, notamment, à la portée de notre bourse. Cela ne dépasse pas 1 200 DA par nuitée. En plus, elle est équipée de matelas, de gaz, d'eau… On s'y est rendus allégés en bagages», relate cette jeune universitaire encore bronzée. Ces deux exemples éclairent sur l'inexistence de chaînes hôtelières destinées à recevoir les estivants, et répondant aux exigences internationales en la matière pour attirer autant de monde étranger sur ces côtes. Les rares hôtels disponibles affichent complet et le prix de séjour donne le tournis aux familles. «Indirectement, on altère les vacances des autres faute de moyens d'accueil acceptables», devait déplorer un estivant immigré rencontré sur une plage de Jijel qui devait ajouter : «C'est l'une des principales raisons qui pousse les Constantinois plus ou moins aisés à prendre la route vers les frontières tunisiennes.» De fait, ces dernières années, le rush vers le pays voisin demeure croissant alors que l'on craignait les retombées de la crise financière mondiale sur le secteur du tourisme en Tunisie. En fait, les postes frontaliers de Tabarka qui affichent le plein quotidiennement démontrent autrement la réalité. «Des files d'attente de plus de quatre heures s'y forment», témoigne un voyageur rentré de Hammamet la semaine dernière. Toutefois, les formalités de la PAF peuvent être souples dans d'autres frontières du côté de Souk Ahras, atteste-t–on. Il n'empêche que l'attente n'affecte en rien le périple des vacanciers une fois arrivés dans les lieux de résidence. C'est le confort et le bien-être, soit la longueur d'avance «organisationnelle» dans laquelle les Tunisiens se sont investis pour appâter le monde extérieur. En ce qui concerne l'hébergement, les agences de voyages des deux pays voisins en parfaite cadence dictent les prix. «Ils sont étudiés. Je préfère passer une semaine à Sousse que 20 jours dans un hôtel à l'Est où ni les prix ni les prestations et autres loisirs aux normes ne sont garanties», avance un couple qui a pris la route au début d'août. En parallèle, il faut signaler que l'option de location de maison fait aussi partie de la tradition tunisienne, ou bien est-ce les Algériens qui l'ont «inventé» dans ce pays ? Sauf que les toits loués semblent être mieux aménagés avec du jasmin en plus. Par ailleurs, certaines boîtes touristiques locales ont carrément pris option avec des organismes pour leur proposer, avec l'appui des œuvres sociales, des séjours presque donnés en optant pour quelques résidences de standing moyen, mais d'une propreté certaine. A Constantine, le fossé est grand entre ceux qui bronzent sans se brûler et ceux qui dénichent la moindre occasion pour piquer une tête dans l'eau… Quelle soit salée ou douce !