Synthèse de Smaïl Boughazi Les prix de l'or noir ont enregistré, hier, un recul de plus d'un dollar, soit 1,57 dollar, à 122,41 dollars par rapport à la clôture de jeudi soir sur l'InterContinental Exchange de Londres, alors que les Etats-Unis ont affiché une croissance jugée décevante au deuxième trimestre, ravivant la perspective d'une érosion de la consommation de l'or noir, selon les spécialistes. En fait, ces derniers estiment que c'est pour la première fois que l'économie américaine plongeait dans le rouge depuis la récession de 2001, provoquant une chute des prix du pétrole. Le produit intérieur brut (PIB) américain a accéléré au deuxième trimestre à 1,9% (en rythme annuel), comparé au trimestre précédent mais il est ressorti en deçà des attentes des marchés (+2,3%). De plus, la croissance des précédents trimestres a été révisée en baisse, à +0,9% (au lieu de +1%) pour le premier et à -0,2% (au lieu de +0,6%) pour le quatrième trimestre 2007. Ce recul du prix du pétrole est dû à un ralentissement de la demande plutôt qu'à des perturbations de l'approvisionnement à court terme, selon des analystes. «La dynamique générale pour le pétrole a changé par rapport au début de l'année où le pétrole était en hausse constante : cette semaine, même une attaque au Nigeria ou l'absence de réponse iranienne à l'ultimatum lancé par les puissances occidentales n'ont pas suffi à soutenir les cours», ont-ils jugé. D'autres ont estimé que les cours se dirigent vers la barre des 120 dollars. D'après eux, ce repli est dû «aux craintes persistantes sur la demande» qui sont alimentées par les chiffres de la croissance américaine et ceux publiés mercredi sur la consommation aux Etats-Unis. Côté stocks, ceux de l'essence restent supérieurs de 4,3% à leur niveau il y a un an, tandis que, côté demande, la consommation d'essence a reculé de 2,4% sur les quatre dernières semaines par rapport à la même période l'année dernière. Par ailleurs, le président de la compagnie pétrolière nationale libyenne (NOC), Choukri Ghanem, a déclaré jeudi qu'il s'attendait à un redémarrage des prix du brut. «La baisse des prix des deux dernières semaines est une nouvelle illustration de la spéculation sur le marché pétrolier, qui est devenu erratique», a-t-il estimé. Mercredi dernier, les cours du pétrole ont rebondi de près de 5 dollars, à la suite d'une baisse imprévue des stocks d'essence, la première en cinq semaines, aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'énergie. Les stocks d'essence ont diminué de 3,5 millions de barils la semaine dernière, contre une progression de 400 000 barils attendue par les analystes. Les réserves de brut ont baissé moins que prévu, tandis que celles des produits distillés (gazole et fioul de chauffage) se sont étoffées.