Chaque mois, dans tous les journaux privés, il est fait le procès de l'unique chaîne de télévision, qui décline des programmes abusivement déclarés «Chaînes» alors qu'ils n'ont aucune existence juridique, aucun cahier des charges connu du public et que nulle part dans la presse n'est publié leur menu quotidien et encore moins la composition du conseil d'administration de ces déclinaisons. L'essentiel, sinon la totalité, des dossiers sur l'ENTV, des critiques et propos railleurs sur l'indigence de l'offre, s'articulent autour du débat politique contradictoire, de l'expression pluraliste sur le syndicalisme interdit, les orientations industrielles, économiques, agricoles, la réforme de l'éducation, de la santé, la gouvernance, les conflits idéologiques, la prostitution, la drogue et… l'audiovisuel. Ces axes qui alimentent dans les pays démocratiques des talk-shows, des émissions, des tables rondes, le face-à-face, des enquêtes, reportages et documentaires sont tabous. Ils alimentent donc la critique, les attaques de l'opposition, des ONG et, par leur absence, font s'«expatrier» les téléspectateurs, les élites et même les dirigeants vers des médias qui proposent un éventail des plus larges de programmes dans tous les domaines, qui couvrent le monde et ses complexités. Et souvent l'Algérie. Si les attaques et les critiques sont fondées dans un audiovisuel réduit à un seul diffuseur qui se démultiplie sans rien offrir par rapport à la matrice unique, elles sont limitées aux politiques, à la pratique des gouvernants qui n'ont aucun contradicteur à l'écran, en contradiction avec la loi et le cahier des charges de l'ENTV. Ces derniers, jusqu'à preuve du contraire, sont toujours en vigueur comme le sont le statut de l'EPIC de la chaîne, l'existence théorique d'un conseil d'administration, les obligations particulières, etc. Cependant, si rien n'est amendé, si rien n'est abrogé, si rien n'est venu remplacer des fondements qui datent des réformes de 1990, rien ne justifie une fermeture presque unique au monde dans laquelle l'Algérie bat tous les records en termes de paraboles et d'«invasions» aussi diverses que très nombreuses. Mais les obligations pour l'ENTV sont aussi étendues à d'autres champs que la politique, le pluralisme et leurs expressions vers les citoyens. De nombreuses obligations sont faites à l'ENTV en matière de culture, d'éducation. Et avant toute chose, l'EPIC est dans l'obligation de faire connaître ses programmes une semaine au plus tard avant leur diffusion. Ce qui est une balise pour faire respecter les horaires et éviter des changements par une improvisation ou une injonction de dernière minute. La société algérienne, comme toutes les autres, est plurielle, la TV est tenu de proposer aux différentes composantes des téléspectateurs les informations, l'enrichissement culturel, les loisirs et les divertissements, en fonction des prérogatives culturelles, éducatives et sociales qui lui sont assignées par sa mission de services public. Ainsi, la TV est un service public, pour tous, comme l'eau et l'électricité, et ne saurait se transformer en une sorte de porte-voix d'un gouvernement ou d'une majorité, quels qu'ils soient, à tout moment. Le service public est un bien collectif. Aujourd'hui, les discours officiels en faveur du statut figé actuel, contre-productifs, se résument à des généralités, vagues, sans chair. L'Algérie est en transition : et alors ? Il faut y aller doucement : à quelle vitesse S.V.P. ? Sinon, les Algériens ne sont pas encore mûrs : il suffit de compter les paraboles. A. B.