Photo : S. Zoheïr Par Nabila Belbachir Qui de nous ne se souvient de ses années d'université ? Les années d'études, de recherches, de loisirs, de sorties entre amis et aussi des années de précarité, de besoin et de manque d'argent. Sûrement, elles resteront gravées dans la mémoire de tous ceux qui sont passés par l'université. Nombreux sont les étudiants qui se débrouillent durant les périodes estivales en cherchant des petits boulots pour pouvoir faire face à leurs dépenses à la nouvelle rentrée universitaire sans trop recourir à l'assistance de leur famille, et nombreux sont aussi ceux qui ne se soucient pas de cette question pécuniaire et qui comptent totalement sur leurs parents pour avoir de l'argent de poche et vivre pleinement leur vie estudiantine dans la joie et la tranquillité. Il faut toutefois avouer que jeter de l'argent par les fenêtres semble être une spécialité juvénile pour les fournitures, les fringues, la bouffe, les cartes de recharge téléphonique, le tabac, les cafés, le cinéma, les livres, etc. La liste des besoins est aussi longue que variée même pour un jeune étudiant. Rappelons que la bourse universitaire actuelle est portée à 4000 Da le trimestre alors qu'elle n'était que de 2700 Da. Les étudiants dans les différents campus algériens ne manquent pas de décrire leurs difficultés à équilibrer leur petit budget. A. Ghani, 23 ans, étudiant en génie civile à Boumerdès et résidant à la cité pense que l'argent pose problème dans tous les cas de figure. «Rien ne me manque, je gère mon argent selon les situations nouvelles, avec la bourse de 4 000 Da et l'argent que m'octroient mes parents. Je peux dire que la situation s'est bien améliorée. Rien ne me manque», souligne-t-il. Et d'ajouter, sur un ton serein : «je suis du genre galant et je ne peux pas tolérer que ma petite amie paie pour moi parce que c'est moi l'homme ! Aujourd'hui, de plus en plus d'hommes vivent aux crochets de leur copine. Cela m'est complètement inadmissible.» Il précise qu'«un homme qui se respecte doit faire preuve de dignité et refuser qu'une fille paie pour lui. Il m'arrive d'être à court d'argent, dès lors je refuse de sortir parce que je serai incapable de couvrir les frais de la sortie. Cela met ma petite amie dans tous ses états. Elle ne comprend pas que je refuse qu'elle dépense un seul rond. Je suis ainsi, et je refuse qu'on paie pour moi». Par contre, Amel, 22 ans, étudiante aussi en génie civil et habitant à Boumerdès ne partage pas l'avis de son petit ami Ghani. Elle pense qu'il ne doit pas y avoir de «différences entre nous. Je sens que je suis complètement prise en charge par lui, ce que je refuse d'ailleurs». «Toutefois, précise-t-elle, il arrive que l'argent mette en péril toute la relation parce que l'un ou l'autre fait un calcul de rentabilité et essaye de profiter de l'autre, notamment de ses amis, filles ou garçons. C'est donc toute la relation qui est mise en danger parce qu'un tel comportement ne peut que traduire la mauvaise foi», affirme-t-elle. Amina, 24 ans, étudiante en Biologie, gère son argent selon ses besoins. «Je commence par les priorités, c'est-à-dire les livres, les documents pour mes recherches et études en biologie, puis à d'autres choses, par exemple les habits. Un mois j'achète une paire de chaussure, l'autre une robe, ainsi de suite. Je n'ai jamais rencontré de difficultés. Et en cas de besoin, je demande de l'argent de poche à ma mère» ajoute-t-elle. Par contre Rafik, 23 ans étudiant en biologie aussi, pense que l'argent est capable de créer des conflits, voire de démasquer de manière choquante la nature des personnes en qui il est censé avoir confiance. «Contrairement à mon amie, je pense qu'il est impossible pour un jeune étudiant d'assumer seul les frais de la fac. Nous n'avons pas d'autre revenu mis à part notre bourse et l'argent de poche pour certains, pour subvenir à nos besoins, notamment celui qui aime les sorties entre amis, celui qui a une copine. L'inviter dans un salon de thé, lui offrir des cadeaux, c'est logique. Ce que je ne tolère pas, ce sont les personnes profiteuses.» Quant à Ayan, 21 ans, étudiante en biologie, elle dit : «ma devise est justement : chacun pour soi et Dieu pour tous. Si chacun paie pour lui et se montre autonome et réglo en matière d'argent, cela aidera la relation à s'épanouir naturellement et sans conflits entre amis.» Certains étudiants en médecine travaillent dans des pharmacies en tant que vendeurs, et d'autres saisissent les salons pour devenir hôtesses d'accueil, et la liste des petites embauches est longue… pour gagner quelques sous de plus.