La prise en compte de toutes les techniques de lutte disponibles, l'intégration des mesures appropriées qui découragent le développement des populations de ravageurs, qui maintiennent les pesticides et autres interventions à des niveaux économiquement justifiés et qui réduisent ou limitent au minimum les risques pour la santé humaine et l'environnement, sont les éléments fondamentaux de la stratégie de production agricole prônée par la FAO pour parvenir à une agriculture plus durable. La lutte intégrée contre les ravageurs (Integrated Pest Management «IPM») constitue également un moyen privilégié permettant de réduire significativement les risques liés à l'utilisation des pesticides. A travers son Programme régional de gestion intégrée des ravageurs pour le Proche-Orient, la FAO apporte une assistance technique à l'Algérie dans le domaine de la protection intégrée contre les ravageurs. Ainsi, des séances de formation ont été organisées du 25 au 29 avril 2010 à l'intention du personnel du siège de l'Institut national de la protection des végétaux, ainsi que des techniciens des stations régionales et des Directions des services agricoles de dix wilayas d'Algérie. Le concept de «Champs-Ecoles-Paysans» (CEP) a également été à l'ordre du jour de ces journées, grâce à un programme de formation des agriculteurs et des facilitateurs qui s'est déroulé sur le terrain, d'une part dans des vergers d'agrumes (wilaya de Blida) et d'autre part dans des cultures de tomate (wilaya de Tipasa). A titre indicatif, le «Champs-Ecoles-Paysans» est un processus d'apprentissage qui concerne un groupe composé en moyenne de 20 à 30 producteurs. Ceux-ci se rencontrent régulièrement au cours d'une saison culturale, dans leurs propres champs, pour apprendre à résoudre les problèmes relatifs à leurs exploitations, avec l'accompagnement d'un facilitateur. Le «Champs-Ecoles-Paysans» est basé sur des principes écologiques, de la formation participative et des méthodes d'éducation non formelles. Il donne ainsi aux paysans l'occasion non seulement d'expérimenter, d'affiner leur sens de l'observation et leur aptitude de recherche mais il leur permet également de prendre leurs propres décisions en connaissance de cause. Pour cela, les agriculteurs doivent apprendre à maîtriser des techniques de substitution pour lutter contre les ennemis de leurs récoltes en cherchant à réduire au strict minimum l'utilisation des pesticides chimiques parfois très nocifs pour leur santé et souvent dangereux pour l'environnement. Recherche collective pour protéger les cultures Le programme de formation mis en place dans le cadre du projet a été particulièrement apprécié par les participants, dont la plupart n'avait jamais eu accès à un apprentissage de ce type. Cette approche, basée sur le travail du groupe et la recherche collective de solutions aux problèmes de protection des cultures, pourra être répétée afin de toucher de nouveaux producteurs et contribuer ainsi à la diffusion de techniques de culture améliorées. Parallèlement à ces programmes de renforcement de capacités, le projet prévoit deux études de base stratégiques pour le pays, l'une portant sur la tomate et l'autre sur les agrumes. Ces études permettront de relever les problèmes rencontrés par le secteur et de proposer des solutions afin d'améliorer la production, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Dans ce même contexte, un expert international a effectué du 28 mars au 1er avril 2010, une mission en Algérie dans le cadre d'un projet de la FAO consacré plus précisément à la lutte intégrée contre la mineuse de la tomate. Cette consultation visait à renforcer les capacités du personnel technique de l'Institut national de la protection des végétaux. C'est ainsi que deux journées de formation ont été organisées au profit des inspecteurs phytosanitaires, du personnel de l'INPV (siège) ainsi que des techniciens des stations régionales. La première a été axée sur le concept de la lutte intégrée contre la mineuse de la tomate (IPM). Rappelons simplement que celle-ci encourage la prise en compte de toutes les techniques de lutte disponibles et l'intégration des mesures appropriées qui découragent le développement des populations de ce ravageur, tout en maintenant les pesticides et autres interventions à des niveaux économiquement justifiés et en réduisant ou limitant au minimum les risques pour la santé humaine et l'environnement. Quant à la deuxième journée, celle-ci a rassemblé les techniciens des stations régionales en charge de ce dossier et a porté plus particulièrement sur la lutte biologique contre cet organisme nuisible. Vers la mise en place d'un dispositif national de détection des ravageurs Par ailleurs, deux sorties sur terrain ont été effectuées au niveau de la ferme pilote de Douaouda (à l'ouest d'Alger). Ces visites pédagogiques ont permis d'affiner les données concernant la biologie et la dissémination du ravageur ainsi que d'acquérir des connaissances sur les moyens de surveillance et de détection, les techniques de lutte intégrée et les mesures phytosanitaires appropriées. La formation dispensée durant cette journée devrait permettre aux participants de développer au cours des prochains mois un programme de formation en faveur des producteurs/productrices. Pour rappel, le programme de lutte contre la «tuta absoluta» bénéficie du soutien technique de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), avec comme objectifs principaux la mise en place d'un dispositif national de détection et de surveillance du ravageur, l'établissement d'une stratégie de lutte intégrée durable, la formation des inspecteurs phytosanitaires et la sensibilisation des producteurs/productrices aux principes de surveillance/détection et de lutte intégrée de la mineuse de la tomate. D'une manière concrète, l'appui de la FAO dans le cadre de ce projet permettra aussi à l'Institut national de la protection des végétaux de se doter d'une unité d'élevage d'auxiliaires prédateurs de «tuta absoluta». G. D. L. *Représentant de la FAO en Algérie