De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar L'évolution fulgurante de certaines maladies chroniques dans la wilaya d'Oran inquiète les spécialistes et une grande partie des citoyens de la capitale de l'Ouest. Epargnée pendant des années par certaines maladies dites des grandes métropoles, Oran a fini par être rattrapée par la démesure de ses ambitions et son manque de clairvoyance. Les maladies de l'asthme et d'allergologie prennent dangereusement de l'ampleur chaque année. Les proportions sont importantes : 5 à 6% de la population locale est asthmatique, soit 80 000 patients. Ce chiffre a été communiqué par les services de pneumologie du centre hospitalier universitaire d'Oran CHUO. Pour les maladies d'allergologie, la situation est plus grave, note-t-on de mêmes sources. «15 à 20% de la population locale souffre d'allergies de différentes formes et origines», affirment les responsables du service de pneumologie de l'hôpital d'Oran. Cela représenterait quelque 300 000 personnes souffrant de maladies d'allergies multiples et parfois aggravées. La proximité des centres urbains de la wilaya avec les pôles industriels et d'activité, de plus en plus nombreux dans la périphérie, accentue le risque de développement et de propagation de ces allergies. L'une des principales causes de leur évolution inquiétante à Oran est, sans nul doute, les activités pétrochimiques du pôle industriel d'Arzew. Les émanations et les pollutions atmosphériques et marines sont en grande partie responsables de l'apparition de ces maladies. Selon le professeur Ziane, chef du service de pneumologie au CHU, «la situation est inquiétante pour nous autres spécialistes. Seulement, il faut relever que, sur le plan de la prise en charge, nous avons relevé une amélioration et une progression dans le traitement des cas». Cet éminent professeur, qui assure des cycles de formation dans les universités d'Europe et qui donne des conférences et des communications sur les maladies de pneumologie, estime qu'«il y a des efforts à consentir dans le domaine de la prise en charge de la maladie au niveau des urgences». C'est en effet le cas du service des urgences de pneumologie «Glatars» qui reste en deçà des normes requises et des besoins exprimés, notamment du point de vue de la logistique et de l'appareillage. Cela sans compter l'environnement hostile de ce service isolé dans l'enceinte hospitalière. Pour le professeur Ziane, «l'aspect psychologique est déterminant dans la prise en charge des cas de l'asthme. Notre attention doit se tourner vers ces aspects qui constituent une importante partie de la thérapie».