Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La ville d'El Bahia célèbre cette année la Journée mondiale de la ville dans un climat de désordre et d'anarchie urbaine totale. Une célébration qui intervient également dans une ambiance de colère et de tension au sein d'une population qui désapprouve de plus en plus ses responsables locaux. La ville est dans un état de délabrement et de laxisme tel qu'il n'est pas possible de parler d'un tissu urbain ordonné et structuré digne de ce nom. Oran n'est plus ce qu'elle était dans le temps. La dégradation est presque totale à El Bahia, puisqu'il est, aujourd'hui, question de refaire la totalité du réseau routier, de rénover plus de 30 000 unités d'habitations menaçant ruine, de rendre propre une ville qui croule sous le poids des ordures et des détritus de toutes sortes... Pour les responsables locaux, cet état de fait est à imputer à des impératifs temporels, liés essentiellement aux préparatifs de la 16e Conférence mondiale du gaz qui doit se tenir à Oran en avril prochain. Ce qui n'est pas totalement faux, faut-il le rappeler. Seulement, du temps de l'ancien wali, M. Zoukh, Oran commençait progressivement à reprendre ses traits d'antan et à redevenir une ville digne de ce nom. Malheureusement, avec son départ, les choses ont commencé à se décanter, dans le mauvais sens s'entend. Ce que le temps n'avait pu faire en l'espace de plusieurs années avec les exodes ruraux et sécuritaires, le changement des modes de vie citadins et les bouleversements sociologiques qui en ont résulté et l'accroissement de la population, le laisser-aller et le laxisme des responsables l'ont fait. Aujourd'hui, Oran est la plus importante des villes d'Algérie en matière de concentration urbaine anarchique. La capitale de l'Ouest se retrouve avec un grand dilemme, celui des constructions illicites. Les Oranais croyaient en avoir fini avec ces constructions qui ont longtemps terni l'image de la ville et créé beaucoup plus de complications qu'on ne le pense. Tant sur le plan sécuritaire que sur le plan de la santé et autres tares sociales, ces sites créés dans l'anarchie totale échappent au contrôle des responsables locaux et osent des problèmes assez sérieux. Les constructions illicites fleurissent et prospèrent tout autour de la ville, sans aucune contrainte visible. L'absence de contrôle et le laxisme des responsables locaux sont pointés du doigt dans cette situation. L'autre aspect qui fait actuellement polémique au sein des citoyens soucieux de l'esthétique de leur ville, ce sont les aménagements urbains actuellement en cours dans la perspective du GNL16. Tout d'abord, les trottoirs du centre-ville ont été recouverts d'une matière grisâtre uniforme ressemblant davantage à du béton. Une matière qui a déjà suscité le mécontentement des citoyens jaloux de leur ville. «Tout d'abord, la couleur est sombre et incite à la tristesse et au pessimisme, dans une ville méditerranéenne qui a besoin de couleurs vives et très en relations avec la mer et l'environnement local et la mentalité des Oranais», nous confie un jeune paysagiste. Pour les responsables de la wilaya, il s'agit «d'un béton imprimé en vogue dans les grandes villes, notamment en Espagne. Nous avons constaté que la pose des trottoirs se renouvelait toutes les 5 années. Ce genre de trottoirs peut durer plusieurs années», avait déclaré à la presse le premier responsable de la wilaya. Pour leur part, les spécialistes et les urbanistes sont formels. «Ce n'est pas ça le béton imprimé. Celui-ci est de très mauvaise qualité», affirme-t-on. Les citoyens se sont étonnés de voir que les beaux luminaires et autres appliques murales posées à l'occasion de la visite de l'ex-président français Jaques Chirac à Oran, ont été remplacés par d'autres moins esthétiques. «Ces luminaires sont deux fois plus chers mais plus esthétiques et n'ont besoin que d'un entretien classique et facile», note un urbaniste, enseignant à l'université d'Oran. Les beaux candélabres posés également lors de la même visite d'Etat sont remplacés, peu à peu, par des poteaux moins esthétiques. Pas moins de 40 millions de dinars ont été mobilisés dans une opération d'embellissement de la ville dans le cadre du GNL16 et la ville n'a toujours pas retrouvé son image de grande métropole.