Cinq ans après, les inculpations concernant l'assassinat de Rafik Harriri, l'ancien Premier ministre libanais, doivent tomber avant fin 2010. Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé d'enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais en 2005, doit annoncer des inculpations entre «septembre et décembre», a annoncé hier, son président. «Le procureur Daniel Bellemare a annoncé qu'il allait probablement procéder à des inculpations entre septembre et décembre», a dit le président du TSL, Antonio Cassese, dans une interview au journal anglophone libanais The Daily Star. M. Cassese a refusé, toutefois, de se prononcer sur des identités. «Je n'ai aucune idée […]. Le procureur ne dit jamais rien à personne au sein du tribunal», a-t-il ajouté. Selon son rapport annuel publié en mars, le bureau du procureur du TSL a mené plus de 280 auditions de témoins en un an. «Le bureau du procureur a avancé de manière significative dans la constitution d'un dossier qui permettra de traduire les auteurs des crimes devant la justice», a dit ce rapport. «Ces progrès ont été réalisés en dépit de la discipline avérée des auteurs de l'attentat et de leur savoir-faire évident», poursuit le rapport qui couvre la période entre le 1er mars 2009, date d'entrée en fonction du tribunal, et le 28 février 2010. Concernant les avancées de l'enquête, M. Cassese avait souligné dans ce rapport que «l'auteur de l'attentat suicide était en cours d'identification, grâce à une délimitation de son lieu d'origine géographique et une reconstitution partielle de son visage». «Des informations supplémentaires étayant la thèse selon laquelle les auteurs de l'attentat auraient agi avec la complicité d'un groupe plus large, ont été obtenues», poursuit le rapport. Plus aucun suspect n'est détenu dans le cadre de l'enquête du TSL, qui avait ordonné le 29 avril 2009 la libération de quatre généraux libanais détenus depuis août 2005 pour le meurtre du dirigeant libanais dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth. Les deux premiers rapports de la commission d'enquête internationale de l'ONU, créée après l'assassinat de M. Hariri, avaient conclu à des «preuves convergentes» mettant en cause les renseignements syriens et libanais. La Syrie a toujours nié toute implication dans cet assassinat. Malgré l'accalmie de ces derniers mois après la formation d'un gouvernement d'union nationale, la stabilité au Liban reste précaire. Les armes du Hezbollah continuent à susciter les va-et-vient des Occidentaux qui craignent toujours un nouvel affrontement avec Israël après celui de 2006. Au terme de sa visite officielle au Liban, le ministre français de la Défense Hervé Morin a déclaré dimanche dernier, au cours d'une conférence de presse à l'aéroport international de Beyrouth : «La France appuie le gouvernement et le peuple libanais afin que l'unité, la stabilité et la souveraineté soient assurées, conformément à la résolution 1701», avant de faire état de sa visite dimanche matin au contingent français au Sud-Liban, et d'appeler à soutenir le rôle de la Finul et de l'Armée libanaise et à conserver le Sud-Liban comme étant une région sans armes. Concernant l'éventualité d'une prochaine guerre, Morin a indiqué, en allusion claire à la Syrie et l'Iran, que la région était instable à cause des facteurs régionaux influant sur le Liban, rappelant dans ce contexte le processus de paix au Moyen-Orient. Une réponse occultant la multitude d'agressions israéliennes qui menacent la paix dans toute la région. G. H.