Le peu de nouvelles qui nous parviennent de Melouza ne sont guère apaisantes. Près d'une semaine après le séisme qui a secoué cette contrée de la wilaya de M'sila, des milliers de sinistrés seraient toujours privés des commodités les plus élémentaires. On déplore ouvertement l'insuffisance des secours déployés par les autorités compétentes et les organisations caritatives. Malgré la rudesse du climat qui caractérise cette région steppique, les populations touchées continuent, selon les rares échos qui nous y parviennent, de dormir à la belle étoile faute d'une dotation conséquente en tentes. On évoque aussi des déficiences concernant le ravitaillement en produits alimentaires et une défaillance visible en matière de prise en charge psychologique des personnes affectées par ce bouleversement. Violemment traumatisés par la catastrophe, les citoyens de cette localité austère peinent visiblement à panser leurs blessures. Les rares journalistes dépêchés sur les lieux au lendemain du sinistre parlent de «l'extrême détresse qui affecte cette localité déjà fortement marquée par une paupérisation sans pareille». Vivant dans un dénuement quasi total, les habitants de Melouza et de ses environs immédiats survivent, d'après les quelques comptes-rendus de la presse écrite, dans une précarité révoltante. Pour rappel, le tremblement de terre, de magnitude de 5,2 sur l'échelle de Richter, s'est produit vendredi dernier, faisant deux victimes et quelques dizaines de blessés. Les dégâts matériels étaient, en revanche, très lourds. Les modestes habitations en toub (mélange de terre et de paille) n'ont pas résisté à la vibration. De grosses fissures menacent la stabilité de l'écrasante majorité des maisons. Craignant de possibles affaissements suite aux violentes répliques qui les secouent encore, des familles entières campent à ciel ouvert sous des températures glaciales. Le pays, qui a connu ces derniers temps plusieurs séismes autrement plus virulents, n'a visiblement pas tiré les bonnes leçons en matière de prise en charge et d'assistance des survivants. En minimisant les conséquences de la catastrophe, les pouvoirs publics ont directement réduit la solidarité populaire qui a déjà fait ses preuves dans ce genre de situations. Les constats rassurants des responsables locaux et nationaux au lendemain du sinistre ont carrément annihilé cette promptitude propre au peuple algérien à voler au secours des siens. Dans ce moment de tourmente et en raison de son histoire particulière, Melouza devrait avoir un grand besoin de sentir ce «baume» populaire et cette chaleur typiquement algérienne. Une telle compassion aurait certainement permis aux sans-abri de Beni Ilmane et à leurs voisins d'Ounougha d'oublier plus vite leur cauchemar et de bénéficier d'une aide d'urgence conséquente. Il va sans dire qu'on peut toujours rattraper le temps perdu en remédiant sans délais aux ratés constatés sur le terrain. Les autorités compétentes, les structures du Croissant-Rouge et les organisations caritatives sont désormais averties pour mobiliser tous leurs efforts dans ce sens. Sévèrement éprouvée, Melouza attend toujours leurs renforts pour panser ses plaies. Le moment peut-être aussi propice pour engager une réflexion profonde sur les mécanismes à mettre en place afin de répondre dorénavant avec efficacité à ce genre de péril. Les scientifiques ne cessent de prévenir contre les risques sismiques très élevés qui guettent la région du Maghreb. Autant anticiper dès maintenant pour ne pas se laisser surprendre indéfiniment. K. A.