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“Le contrôle insuffisant des patients hypercholestérolémiques est une réalité…” Pr Abdelkrim Berrah, chef de service de médecine interne au CHU BEO, à Liberté
Pr Berrah, également président de la Société algérienne de l'hypertension artérielle, soutient que le HTA qui affecte plus de 30% de la population algérienne adulte partage avec l'hypercholestérolémie (excès du mauvais cholestérol) “la même ambiance à risque, obésité, sédentarité, alimentation riche en produits gras et sucrés”. Liberté : Vous avez démontré, ainsi que vos confrères lors de la conférence du Sheraton de jeudi dernier, une relation de cause à effet entre hypercholestérolémie, athérosclérose et les pathologies cardiovasculaires. Pouvez-vous nous expliquer davantage comment le mauvais cholestérol augmente les risques cardiovasculaires ? Pr Berrah : Le cholestérol est un constituant naturel des cellules de l'organisme et un précurseur indispensable de certains éléments comme les hormones. Le cholestérol qui a fait l'objet de débats lors de la journée de sensibilisation sur le risque cardiovasculaire est, bien entendu, le cholestérol circulant dont le taux est facile à quantifier par un simple dosage sanguin. Le premier pas à réaliser est donc un bilan lipidique afin d'évaluer les taux de bon cholestérol, de mauvais cholestérol et celui des triglycérides. Il est d'usage d'opposer le bon au mauvais cholestérol, car le premier est cardioprotecteur alors que le second est nocif. Le mauvais cholestérol, dénommé LDL cholestérol, a la fâcheuse faculté de se déposer au niveau des artères en s'y incrustant pour en réduire le diamètre. L'étape suivante est l'obstruction totale du conduit artériel qui va se traduire par un accident cardiovasculaire, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, infarctus intestinal, voire mort subite. Il faut noter que notre organisme dispose d'un système d'épuration très performant du mauvais cholestérol, qui devient inopérant et inefficace quand le cholestérol est incrusté au niveau des artères dans la plaque d'athérome. Quelles sont les populations à risque ? Cette pathologie n'épargne aucune population. Le processus de dépôt de cholestérol qui fait le lit de l'athérosclérose commence très tôt dans la vie. Certaines familles sont, par contre, plus exposées que d'autres, et en particulier celles où il a été déjà enregistré des cas d'accidents cardiovasculaires ou des anomalies lipidiques. Vous avez affirmé, lors de votre intervention, que le contrôle des patients est insuffisant. Voulez-vous dire que le contrôle du taux du cholestérol ne se fait pas automatiquement comme il se doit, ou bien est-ce le suivi des malades qui n'est pas convenable ? Et comment équilibrer le bon cholestérol et baisser, dans le même temps, le LDC-C en excès dans le corps ? Le contrôle insuffisant des patients hyper-cholestérolémiques est une réalité, fréquente et universelle. Les responsabilités sont partagées par les médecins, les patients, les systèmes de soin et environnement. Le médecin dispose de moyens qui ont fait la preuve de leur efficacité, mais les utilise de façon incomplète ou insuffisante parfois. Le patient ne respecte pas toujours les prescriptions concernant l'hygiène de vie, le régime alimentaire, les médicaments… On voit très peu de personnes faire de l'activité physique dans nos villes, malgré certaines tentatives louables comme les “covil”, afin de repenser nos quartiers pour en faire des espaces de vie active en lieu et place d'ensembles pour engins roulants et polluants. Est-ce que tous les thérapeutiques y afférents existent en Algérie ? L'idéal est de diminuer le mauvais cholestérol et d'augmenter le taux du bon cholestérol. Il y a, pour ce faire, un ensemble de mesures simples et efficaces. La lutte contre la sédentarité sous toutes ses formes, la pratique d'une activité physique régulière, en moyenne 30 minutes par jour, la lutte contre la surcharge pondérale dès l'enfance, la promotion institutionnalisée d'une alimentation saine riche en légumes, en fruits et en fibres. La pénalisation du tabagisme dans les lieux où il est normalement prohibé, et puis les médicaments. Les produits essentiels pour traiter l'hypercholestérolémie existent, à quelques exceptions près, en Algérie. Vous êtes président de la Société algérienne de l'hypertension artérielle. Quelle est la fréquence de ce mal dans notre pays et quelles en sont les causes ? L'hypertension artérielle est un redoutable facteur de risque cardiovasculaire qui touche un peu plus de 30% de la population algérienne adulte et partage avec l'hypercholestérolémie la même ambiance à risque, obésité, sédentarité, alimentation riche en produits gras et sucrés. Un facteur est, par contre, spécifique de l'hypertension artérielle, c'est la consommation excessive de sel visible ou caché. Le sel est partout, surtout dans les aliments industriels et même dans les produits sucrés, à des taux qui dépassent de loin nos besoins quotidiens. Dans certains pays, les autorités qui ont à charge la santé publique ont affronté la mafia du sel en réglementant les quantités de sel dans tous les produits de consommation courante, du pain aux produits en conserve. Cette façon de faire a réduit sensiblement l'incidence des maladies cardiovasculaires. La Société algérienne de l'hypertension artérielle consacre, chaque année, plusieurs manifestations scientifiques pour aller dans ce sens. Le prochain congrès aura lieu à Ghardaïa du 20 au 22 mai 2010, et nous ne manquerons pas d'y dénoncer le sel, la malbouffe et tous les facteurs qui contribuent à la survenue des maladies cardiovasculaires. Pouvez-vous nous indiquer aussi l'incidence des accidents cardiovasculaires en Algérie ? Quels en sont les facteurs à risque, outre l'excès du LDC-C dans le corps ? Les maladies cardiovasculaires revendiquent plus de 26% de tous les décès enregistrés en Algérie et encore plus de handicaps. C'est dire tout l'intérêt d'une bonne hygiène de vie et d'une sensibilisation institutionnalisée et pérenne au risque cardiovasculaire.