L'Algérie est vraisemblablement décidée à rattraper le retard enregistré dans le développement du concept de l'intelligence économique (IE). Se mettre au diapason, mondialisation oblige, sera un atout certain pour les entreprises comme pour les institutions publiques. Le gouvernement compte, en effet, adopter l'intelligence économique (IE) dans le système de gestion des entreprises. Cette orientation s'est confirmée lors du quatrième colloque sur l'intelligence économique tenu la semaine dernière, à Alger. Organisée en partenariat avec le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), cette rencontre de deux jours a traité des nouvelles formes de management des entreprises par l'IE. Il s'agit, selon les participants au colloque, d'apprendre à «identifier les risques, anticiper les crises, et saisir les opportunités». En d'autres termes, l'IE est considérée comme une des clés de la compétitivité. Le directeur général du département de l'IE au MIPI, Mohamed Bacha, qui a présenté dans son intervention le premier bilan d'action et le programme à moyen terme, estime que la volonté politique est déjà affichée au plus haut niveau, avec la création d'un département chargé de l'intelligence économique. «Il faut définir une démarche et faire en sorte que le ministère devienne un lieu de débat», a fait également remarquer le responsable. Mais, pour ce faire, il est nécessaire d'accorder à la formation la place et l'importance qui lui reviennent. Incluse dans la stratégie nationale industrielle du pays, l'IE a, en effet, besoin pour se généraliser d'une base en formation. «La formation est un mode de transformation. Sans capital humain, tout ce qu'on peut faire en termes d'intelligence économique ne servira à rien. C'est le capital humain qui fait la différence», confirme M. Bacha. Par ailleurs, les spécialistes en la matière soutiennent que ce concept est basé sur la recherche, le traitement et, enfin, la diffusion de l'information pour une exploitation optimale au profit de l'entreprise. «L'information est devenue un moyen de production et l'IE est une réponse à beaucoup de besoins», dira le Dr Sofiane Saadi, consultant en management. Que doit-on faire pour éviter les échecs enregistrés au niveau de plusieurs entreprises et pays en matière de mise en œuvre, puis de développement de ce concept ? Alain Juillet, ex-haut responsable chargé de l'intelligence économique au niveau du ministère français de la Défense puis auprès du Premier ministère, dira : «Il faut aller progressivement», en précisant qu'on ne peut appliquer ce genre de concept du jour au lendemain. «C'est un processus qui se fait peu à peu : ça commence par le premier responsable ou le directeur général, puis il faut sensibiliser l'entreprise par étape pour que tout le monde soit convaincu de l'intérêt de l'intelligence économique. Ensuite, on doit mettre en place les structures permettant de travailler avec ce concept et, enfin, il faut apprendre à utiliser, à travailler avec tout ce qu'on a recueilli comme informations», explique M. Juillet. S. B.