Longtemps ignoré par les entreprises et les institutions algériennes, le concept de l'intelligence économique suscite, ces deux dernières années, un intérêt particulier dans la sphère politico-économique du pays. Plusieurs séminaires ont été organisés à Alger et de nombreux experts nationaux et étrangers conviés. L'objectif : sensibiliser les acteurs de la vie politico-économique à la nécessité d'investir dans l'intelligence économique. «Les initiatives prises par l'Algérie sont louables, car elles permettent de sensibiliser et de toucher du doigt un problème ignoré jusque-là», nous a déclaré M. Abdelhak Lamiri, expert en économie. En effet, ce n'est que 23 ans après la naissance, aux Etats-Unis, du concept de l'intelligence économique, que l'Algérie a pris conscience de l'utilité de ce facteur dans la bonne gouvernance. Pour assurer une bonne gouvernance, le chef de l'entreprise doit chercher l'information utile, la maîtriser et bien sûr la protéger. L'intelligence économique, explique M. Lamiri, est un système structuré de collecte, d'analyse et de diffusion de l'information au centre de décision de l'entreprise. «C'est une cellule chargée de savoir ce qui se passe dans le monde, chez le concurrent, le fournisseur et le client pour pouvoir alimenter les décideurs en informations», a souligné notre interlocuteur et d'ajouter que l'idée de l'intelligence économique est de prévenir au lieu d'attendre. «Il faut anticiper», a précisé M. Lamiri. De ce fait, l'Algérie doit investir dans l'intelligence économique qui permet de décider sur la base de l'information. «Si on décide sur la base d'une information périmée ou dépassée, on risque d'accuser un retard qu'on ne peut pas récupérer», avertit M. Lamiri et d'indiquer que plusieurs entreprises ont fait faillite à cause de leur système d'information. Sachant que l'information est le second facteur clé de succès management des entreprises, le premier étant le développement humain, une question s'impose : l'Algérie sera-t-elle capable de développer son système d'information quand on sait, par exemple, que les statistiques, rendues publiques, ne reflètent pas, souvent, la réalité. Pis, elles ne sont ni analysées ni traitées et encore moins exploitées. Depuis, la création, en 1982, de l'Office national des statistiques (ONS), chargé, entre autres, de conduire l'opération recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), aucune importance n'est accordée à la statistique. Pourtant, les résultats du RGPH, de l'avis même du ministre de l'Intérieur, M. Noureddine Yazid Zerhouni, représentent des données importantes pour l'Etat, les collectivités locales, les opérateurs économiques et toutes les institutions». M. Zerhouni a, par ailleurs, précisé que ces données sont des indicateurs en matière d'analyse et de planification d'actions dans plusieurs domaines. «Le RGPH vise à assurer un meilleur développement de notre pays», a souligné le ministère. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les services du ministère de l'Intérieur ont mobilisé, en avril dernier, des moyens lourds pour réussir l'opération du RGPH, la quatrième depuis l'indépendance du pays. Le Conseil national économique et social (CNES) a, de son côté, élaboré un rapport sur la gouvernance d'institutions, qu'il remettra au chef de l'Etat. «Dans son rapport, le CNES doit inviter les entreprises et les institutions à investir plus dans le domaine de l'intelligence économique et former plus de compétences et accorder l'importance nécessaire à cette dimension de la gestion», a déclaré M. Lamiri. «Il faut faire la comparaison entre les secteurs d'activité, entre l'Algérie et le monde pour enfin mesurer l'écart et voir ce qu'il y a lieu de faire», a indiqué notre interlocuteur qui invite, par ailleurs, l'Etat à intégrer la dimension de l'intelligence économique dans le processus de mise à niveau des entreprises. C. B.