Dans le contexte mondial actuel, marqué par la globalisation et les libéralisations tous azimuts, le débat sur l'intelligence économique et la veille stratégique occupe une place prépondérante sur la scène tant nationale qu'internationale. Tizi Ouzou : De notre bureau L'intelligence économique se définit comme l'observation et l'analyse de l'environnement scientifique, technique, technologique et économique de l'entreprise pour en détecter les menaces et saisir les opportunités ou, tout simplement, c'est la conjugaison de l'esprit de prévision et d'anticipation sur les événements au niveau de l'entreprise. En Algérie, à l'heure actuelle, les entreprises économiques ont encore du chemin à faire pour se mettre à l'heure des concepts mondiaux permettant une vision prospective qui se traduit par l'adaptation de l'intelligence économique. Ce constat a été dressé par le docteur Nasser Bouyahiaoui, éminent expert et consultant international, lors de la conférence intitulée " L'intelligence économique : vecteur de compétitivité et de performance des entreprises ", qu'il a animée mercredi dernier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l'initiative de l'Institut international de management (INSIM). L'économiste étayera sa thèse par des exemples d'une pertinence avérée en énumérant des opportunités que l'Algérie a ratées faute de cette intelligence économique. Sur sa lancée, il citera le complexe sidérurgique d'El Hadjar, qui " aurait pu être cédé à Mittal Steel à un prix quatre fois supérieur si, au moment des négociations avec Mittal Steel, il y avait une intelligence économique qui anticiperait sur la croissance et la flambée du marché mondial de l'acier ". Le mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest présente aussi, aux yeux de Dr Bouyahiaoui, " un exemple type de gaspillage de l'argent public ", car, estime-t-il, " faute de cette intelligence économique, le projet a été évalué au départ à un milliard de dollars, puis à 1,6 milliard et d'ici son achèvement, son coût de réalisation pourrait atteindre les 15 milliards de dollars, ce qui est exorbitant par rapport à l'utilité du projet lui-même ". Au plan macro-économique, l'absence d'une vision claire fait que le gouvernement n'arrive pas à identifier les créneaux vers lesquels il faudra affecter les dizaines de milliards de dollars de réserves de change. En d'autres termes, ce spécialiste explique à quel point les choix stratégiques font défaut en Algérie. Vu les mutations perpétuelles que traverse le paysage entrepreneurial au niveau mondial, les entreprises algériennes, qu'elles soient du secteur public ou privé, sont condamnées à rattraper le retard criard qu'elles accusent en matière d'intelligence économique. Lequel retard a poussé l'économiste Bouyahiaoui à suggérer le report de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) le plus longtemps possible, et ce, pour gagner du temps et permettre aux entreprises économiques de se mettre au diapason de la nouvelle donne mondiale. Pour évaluer les enjeux de l'intelligence économique, Bouyahiaoui estime que " dans le contexte de la mondialisation-globalisation, cette pratique (l'intelligence économique) apparaît comme un levier capital de la performance globale des entreprises et des nations ". En se plaçant en état de veille et en développant des services d'intelligence économique, l'entreprise parvient à connaître son environnement et à s'y adapter en permanence. En vue de sensibiliser les entreprises algériennes sur la nécessité de se doter d'instruments d'intelligence économique, le consultant international conclut sa conférence par une série de recommandations touchant à des points importants et sensibles. A ce propos, il expliquera notamment que " l'intelligence économique permet d'éviter la perte d'un savoir-faire due au départ d'un employé, faciliter l'intégration des nouveaux embauchés et manager les compétences en fonction des orientations stratégiques de l'entreprise ".