Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Dix-neuf personnes ont été blessées, dont quatre évacuées vers l'hôpital de M'sila, à la suite d'une réplique de 5 degrés sur l'échelle de Richter survenu hier à 14 h 28, à 10 km au nord de Beni Ilmane (M'sila). Une soixantaine d'autres personnes présentant des cas de traumatisme lié à ce nouveau tremblement de terre, ont également été secourues. La région nord de M'sila a vécu plus d'une centaine de répliques de faible intensité depuis le séisme du 14 mai dernier. Plusieurs dizaines de personnes craignaient encore, hier vers 17 heures, de rejoindre leurs domiciles ou de se mettre à couvert par peur de nouvelles répliques, a-t-on constaté, même si, globalement, les habitants de cette région, après avoir vécu de nombreuses secousses depuis une dizaine de jours, paraissent plus calmes et semblent moins enclins à céder à la panique. S'agissant de l'éventualité d'autres dégâts matériels, les autorités locales ont indiqué «ne pas pouvoir se prononcer pour l'heure» même si elles estiment, sur la base des premières constatations et des éléments disponibles, «peu probables» d'autres effondrements de constructions. En outre, dix jours après le séisme qui a secoué leur région et ébranlé leurs maisons, les habitants de Beni Ilmane ont été bouleversés samedi dernier par la tentative de suicide d'un homme qui s'est immolé par le feu avec un litre d'essence devant les portes de leur APC. Ce terrible drame en a choqué plus d'un dans cette contrée qui subit des conditions difficiles et des privations causées par les dégâts considérables du séisme. Messaoud N., âgé de 40 ans et père de deux enfants, a tenté d'abord d'interpeller le maire de la commune sur la situation catastrophique que vit sa famille qui ne peut plus regagner sa demeure à cause des dégâts provoqués par les multiples secousses. Le malheureux père de famille cherchait à convaincre le maire de l'aider à se procurer une simple tente afin de mettre à l'abri sa femme et ses deux enfants. Mais le président de l'APC lui a opposé un niet catégorique en lui expliquant qu'il ne restait plus aucune tente à distribuer. Cette réponse a, semble-t-il, plongé le sinistré dans un état de désespoir indescriptible. Touché dans son âme par ce traitement méprisant, Messaoud a saisi la bouteille d'essence qu'il avait apportée et s'en est abondamment aspergé avant de mettre le feu à ses habits. Et lorsque les flammes se sont emparées de son corps, Messaoud, dans un geste de désespoir mêlé de révolte, se jette sur le maire de la commune et deux de ses adjoints pour qu'ils brûlent à leur tour. De nombreuses personnes sont accourues alors pour tenter de sauver ces quatre hommes d'une mort certaine. Malheureusement, aucun n'a pu empêcher les flammes de brûler gravement leurs corps. Même les secours de la Protection civile, présents en force sur place, n'ont pu faire quoi que ce soit pour prendre en charge les quatre brûlés. Ils ont été transférés, dès samedi soir, en premier lieu à l'hôpital de Msila. Mais comme leur état nécessitait des soins plus approfondis, trois d'entre eux ont été transférés à l'hôpital de Douera, dans l'Algérois. A l'heure actuelle, il semble que le maire de Beni Ilmane et ses trois collaborateurs soient hors de danger. Mais en ce qui concerne l'état de santé du malheureux Messaoud N., les médecins s'accordent à dire qu'il va de mal en pis. Ce funeste drame vient ainsi témoigner de toute la détresse des sinistrés de Beni Ilmane et de ses environs. A défaut de tentes, d'aides alimentaires et d'une assistance psychologique suffisante, les sinistrés de cette région de M'sila sombrent chaque jour encore plus dans une terrible dépression. Et ce drame tragique qui s'est produit à Beni Ilmane illustre à lui seul la fragilité psychologique des sinistrés du séisme. Des sinistrés qui continuent, il est important de le signaler, de dénoncer les retards constatés dans l'acheminement des aides. A ce propos, force est de constater que les visites successives de Djamel Ould Abbes, ministre de la Solidarité nationale, n'ont guère remédié à la situation. Pour les deux communes d'Ouanougha qui comptent près de 30 000 âmes, les autorités de la wilaya de M'sila n'ont distribué qu'à peine 1 200 tentes. Quant aux kits alimentaires, ils s'avèrent malheureusement insuffisants pour couvrir les besoins des centaines de familles qui ont tout perdu à la suite de ce séisme. Mis à part un litre d'huile, une boîte de concentré de tomates, un paquet de spaghettis, un sac de semoule et de farine, les familles sinistrées n'ont pas bénéficié d'une aide consistante, durant ces derniers jours, de la part des autorités locales. Fort heureusement, la population sinistrée fait preuve d'une extraordinaire solidarité. Et c'est grâce à cette mobilisation citoyenne que le pire a été évité.